Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
LEGISLATIVE. 26
Cependant l’assemblée législative avait repris sa séance , au bruit des tocsins qui se répondaient de tous côtés. Ses premières sollicitudes furent pour Pétion. Elle voulut l’arracher aux mains de ceux qui le retenaient. Elle lui ordonna, par un décret , de se rendre à l'assemblée, pour y rendre compte de la situation de Paris. Ce décret fut sur-le-champ porté au château, et y répandit la consternation. Les plus emportés voulaient braver cet ordre ; le roi craignit d’irriter, par un refus, l'assemblée législative, dont les dispositions n’étaient pas encore bien connues. Les défenseurs du château rendirent la liberté à leur prisonnier, en Le chargeant d’imprécations. Il est temps que le roi se montre, criait-on de toute part; qu’il vienne enflammer lezèle de ces compagnies de gardes nationales, qui accourent pour sa défense, et qui déjà remplissent le jardin et les cours. Louis se mit en marche pour cette revue; il ne s’y présentait point avec cet air d’intrépidité que demandait l’excès de ses périls. Il était accompagné de Rœderer, de deux autres membres du département, de quelques-uns de ses ministres , et de plusieurs militaires. Il trouva au premier poste les compagnies les plus affidées qui le reçurent avec acelamations; mais à mesure qu'il s’avança vers de nouveaux bataillons , un mornesilence le glaca d’épouvante. Bientôt derrière lui des murmures éelatèrent, il entendit retentir tous ces mots, que des journalistes sans frein et sans pudeur avaient appris au peuple. Deux bataillons du faubourg Saint-Marceau venaient d'arriver; quand le roi passa devant eux, il ne put se croire en sûreté. Les canonniers surtout éclatèrent en menaces; interpellés s’ils défendraient le roi, pour toute réponse, les uns affectaient de vider la charge de leurs canons, les autres les dirigèrent contre le château même. Bientôt le roi n’osa plus continuer cette fatale revue. En revoyant sa famille, sa malheureuse famille, le peu qu’il lui reste de forces paraît l'abandonner. Tout se tait, toutest morne dans le château; les sinistres pressentimens ont succédé aux bruyantes acclamations. Voilà donc, s’écrie Louis, les secours que je puis opposer à cette multitude de furieux qui s’avancent; mes lus mortels ennemis veillent à la porte de mon palais. Il consulte Rœderer , qui a été témoin de la revue; il le conjure d'indiquer un moyen de salut. Celui-ci ouvre alors le conseil d’abandonner le projet d’unedéfenseinutile, qui livre les jours du roi à la catastrophe la plus terrible, la plus inévitable. — Qui peut prévoir où s'arrêtera la fureur dés insurgens irrités par une résistance ? Je vois, de tous côtés, des canons prèts à foudroyer le château ; il sera bientôt leur conquête; le roi et sa famille seront ou leurs captifs ou leurs victimes. Il n’est plus qu'un asile où les jours du roi puissent encore être en sûreté, Cest l'assemblée nationale.— Eh quoi, dit Louis, tous les fauteurs - .