Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
LEGISLATIVE. 299
Te ne sais comment ce vol inspira quelque honte aux ordonnateurs de tant d’assassinais ; ils n’osèrent lentreprendre de jour. Ils en confièrent l'exécution à des brigands obscurs. Dans la puitdu 16 au 7 septembre, ceux-ci s’introduisent au GardeMeuble de la couronne. Lessentinelles qui veillaient à la garde de ce dépôt, ne font aucune résistance. Les pierreries les plus précieuses, tout ce qui servit au faste de Louis XIV, du Ré gent et de Louis XV, deviennent la proie de ces brigands. Eurent-ils l'inconcevable fidélité de les rapporter à ceux qui leur avaient commandé cet attentat ? On l’ignore. Beaucoup de conjectures ont été faites sur l'emploi de telles richesses; nulle n'offre assez de vraisemblance pour être présentée comme un fait historique. Dans cette nuit même, le ministre Roland est averti de ce vol. Il sait que des hommes puissans le protégent; il suit avee fermeté son devoir. Plusieurs des brigands sont arrêtés au moment où ils achevaient d’enlever le reste de ces magnifiques dépouilles. Il appelle sur-le-champ lindignation publique et celle de assemblée législative. Les principaux factieux n’osent avouer leur complicité. Ils laissent sacrifier quelques-uns de leurs agens. Paris, toujours sous le joug des assas. sins, vit périr quelques voleurs ; on n’osa pas cependant suivre de trop près les renseignemens que ceux-ci laissèrent.
L'assemblée électorale de Paris était composée, à une trèsgrande majorité, de tous ceux qui avaient eu une part directe à tant d’horreurs. Robespierre y dominait. On le vit, pour la première fois, quitter cette contenance humble, ce langage hypocrite qui caractérisaient le plus vil flatteur de la plus vile populace. Il semblait ne plus reconnaître d’égaux, même parmi ceux de son parti. Ilcommanda tous les choix ; c’est-à-dire qu'il produisit la plus monstrueuse élection qui ait jamais déshonoré le système représentatif. Philippe d'Orléans obtint d’y être nommé sous les auspices de Marat. L’historien est révolté de sa tâche chaque fois qu’il estréduit à prononcer lesnomsde ce Marat, et de ce d'Orléans. Je ne m’arrêterai point à tracer tant d'ignominies; je rappellerai seulement que ce fut à cette époque que l’usurpateur , tant de fois annoncé à la France, abjura le nom de ses pères, et prit le titre du citoyen Egalité.
On entendait parler de dictature, de trinmvirat : Marat les proposait ouvertement: il voulait être l’un des triumvirs, s’il ne pouvait être dictateur lui-même. Robespierre et Danton paraissaient encore fortement unis. Cependant le premier voyait déjà avec inquiétudeson rival. Il surprit en lui quelques mouvemens de pitié; il le vit sauver quelques victimes. En effet, Adrien Duport et Charles Lameth, arrêtés l’un à Melun, Vautre à Rouen, furent soustraits par Danton au supplice. Robespierre n’osa éclater contre lui. [l dissimula jusqu'à ce que