Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

ane ASSEMBLEE

leurs adversaires communs fussent abattus ; Danton eût plu= tôt désiré leur expulsion que leur mort, et ce fut peut-être lui qui permit à l’assemblée législative de se retirer sans avoir perdu aucun de ses membres, pendant le cours de tant de proscriptions. Les deux tyrans auraient fait couler des torrens de sang, si l'invasion faite par le roi de Prusse eût menacé de plus prèsla capitale; mais cette expédition n’eut que des succès passagers. Âu moment même où la plupart des militaires etdes politiques de l'Europe creyaient voir entrer Fréderic-Guillaume. à Paris, il était arrêté dans les plaines de la Champagne, par les rigueurs d’un ciel ennemi, par ses propres incertitudes, par une armée privée à la vérité de toute expérience et de toute discipline, maïs qui se grossissait de toutes parts; enfin par l’habileté et la fortune de Dumouriez et les talens de Kellermann. Fier d’exercer l’autorité de généralissime, Dumouriez ras sembla les faibles débris de nos armées, qui se trouvaient à une distance considérable les unes des autres. Lafayette, avant lui, avait songé à opérer une réunion si nécessaire; il avait ordonné à Dumouriez, qui était alors sous ses ordres, d’abandonner le camp de Maulde, pour venir se joindre à lui, sous les murs de Sedan. Celui-ci avait désobéi avec une audace qui tenait de la révolte ; il ne persista point dans cette faute, lorsque la perte de son rival fut assurée. Il abandonna la Flandre française à ses places fortes; ilse rendit à l’armée de Lafayette, qu’il trouva dans la confusion et le désespoir où l’avaïent laissée la proscription et l'éloignement de son chef. Cette armée ne lui offrait un secours que de dix-sept mille hommes, mais c'étaient les troupesles plus exercées que nous eussions alors. Ii entreprit, à leur tête, une marche hardie. De vaines solennités, des fêtes frivoles avaient retenu à Verdun, le roi de Prusse et son armée. après la conquête peu importante de cette ville. Les défilés de l'Argonne étaient une position redoutable; le duc de Brunswick songea, deux jours trop tard, à s’en em parer: cinq mille hommes de l’armée de Dumouriez, commandés par le général Dillon, y étaient déjà: de nouveauxrenforts vinrent y fortifier, C’en fut assez pour gêner tous les mouvemens des Prussiens. Ils eurent à attaquer successivement plusieurs défilés, et ne montrèrent pas la supériorité que lopinion attribuait alors à la tactique allemande. Ces différentes attaques se Passèrent du 10 au 15 septembre. Dumouriez fut enfin forcé dans ses positions, et se tint fort heureux d’avoir pu les disputer quelque temps. Deuxsecours assez considérables allaient se joindre à lui ; l’un venait de la Flandre , sous la conduite de Beurnonville; l’autre, plus important, arrivait par la Lorraine; il avait Kellermann à sa tête. Dumouriez n’osait espérer de