Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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faire ces jonctions sans obstacles; il n’en éprouva cependant que de peu sérieux.
Ses mouvemens rétrogrades l'avaient conduitjusqu’à peu de distance de Châlons; c’est dans cette ville que se rendaient, avec la dernière confusion ces nouveaux soldats qui avaient été levés à Paris, sous les affreux auspices du 2 septembre. Dumouriez qui sollicitait vivement de tels renforts , ne les appréciait qu’à leur juste valeur. Il n’y voyait qu'un moyen d’enimposer à l'ennemi, par une apparence de forces. Maïs il ne put long-temps soutenir cette illusion. Quinze cents hussardsautrichiens qui allaient à la découverte, rencontrèrent dix mille hommes de ces troupes nouvelles, les chargèrent, les mirent dans une déroute qui n'avait d'exemple que celle de Mons; leur fuite les entraîna jusqu’à Châlons, et à ils répandirent la terreur dont ils étaient remplis. Si Dumouriez ne fût arrivé à temps , pour arrêter ce désordre , Paris eût bientôt vu revenir autour de ses murs ces troupes qui en étaient sorties avec la peur du massacre, et qui rapportaient la peur du combat.
Ce léger succès ne fut propre qu’à divertir un moment l'ar< mée du roi de Prusse, mais ne put la distraire long-temps des cruels obstacles que le ciel lui-même semblait mettre à sa marche. Depuis son entrée sur le territoire français, le temps n’avait pas cessé d’être pluvieux; l'automne, la saison qui offre dans notre climat le plus de beaux jours, n’était marqué que par de continuels ouragañs. Le pays où campait une armée si considérable, est cité dans la France pour sa stérilité. Présageant une conquête facile, le due de Brunswick s'était peu assuré de vivres; ses communications étaient devenues extrê= mement difficiles : de toutes les places fortes dont notre frontière est hérissée’, il n’occupait que celle de‘Longwy. L'armée prussienne, répandue dans une longueur de plus de quarante lieues, n’avait en largeur presque rien ouvert devant elle. On avait été obligé de détacher un corps de 15 mille hommes pour faire le siége de Thionville, ou plutôt pour faire un simulacre de siége; car on s'attendait à une reddition semblable à celle de Longwy. Thionville était mal approvisionné ; mais les assiégeans l’étaient plus mal encore. Le général Wimpfen , exdéputé de l'assemblée constituante, et du parti de Lafayette, commandait à Thionville. Son courage dut s’accroître encore par l’indignation du traitement que les étrangers avaient fait avectant d'impolitique et tant de barbarie, à des constitutionnels proscrits. Il déconcerta toutes les attaques de M. d'Autichamp, et celui-ci séntit avec amertume l'embarras de faire un siége sans avoir de quoi faire brèche à un rempart. Un député de l’assemblée législative, Merlin de Thionville, qui se trouvait alors dans sa ville natale, contribua beaucoup à sa défense,