Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONATE. 135

I avait à chercher quelques traîtres. Il ordonna à toutes les heures des supplices, afin que les traîtres y fussent comprise Les énnemis qui avaient fait d’imprudentes tentatives sur la foi des intelligences qu'ils s'étaient ménagées , répoussés avec vigueur dans des attaques mal concertées, éprouvèrent l'embarras d’être obligés de passer subitement d’un plan de campagne à un autre. Les alliés se conduisirent entre eux comme des rivaux jaloux. L'hiver approchaït ; ils étaient fatigués de leurs efforts. Ils firent le blocus de Landau, ils s’emparèrent du fort Vauban. Cette dernière conquête fut assez prompte pour qu'on y vit une trahison nouvelle. Landau, épuisé de vivres , semblait devoir tomber bientôt sous la puissance du roi de Prusse. Mais les deux armées du Rhin et de Ja Moselle venaient de recevoir de puissans renforts. Deux habiles généraux avaient su ranimer leur confiance : c’étaient Hoche et Pichegru , dont l'élévation était également subite; le premier, attendant tous ses succès d’un courage impétueux, d’une vivacité d'opérations tout-à-fait conformes au caractère du soldat français; le second ayant déjà soumis à des calculs savans la nouvelle tactique qui décidait du sort des batailles. Ils concoururent avec une parfaite intelligence au succès; depuis, il paraît qu’ils entrèrent en contestation sur la gloire qui leur était due. Ce fut au milieu de l'hiver qu’ils rouvrirent la campagne. Le duc de Brunswick éprouva une défaite totale à Griesberg. Hoche le poursuivit vivement, et ne lui permit pas de porter des secours à l’armée autrichienne, qui gardait , sous le commandement du général Wurmser, les lignes de Weissembourg et de Lauterbourg. Les Francais les reprirent avec l’ardeur qu’ils mettent à venger un outrage. Desaix, qui commandait l'avant-garde de Pichegru, eut la gloire d'enlever ces postes importans. Le siége de Landau fut levé. Pichegru y entra le premier. Les Prussiens furent entière ment chassés de l'Alsace ; nos troupes rentrèrent dans le Palatinat.

Cependant le retour de la victoire n’adoucissait point les chefs du gouvernement révolutionnaire ; deux factions leur donnaient de vives inquiétudes : l’une était celle de Danton : l'autre était celle de la commune de Paris.

Danton était enfin sorti de cette retraite où il avait goûté la mollesse , au défant du calme et de la sûreté qu’il cherchait. Tout le menaçait, tout le révoltait dans le nouveau gouvernement. Il en avait tracé les principes, mais il les avait combinés pour un autre but. Sa doctrine révolutionnaire était arrêtée depuis long-temps. S’abstenir d’un erime nécessaire, ou seulement utile, lui paraissait faiblesse 5