Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 127

LIVRE TROISIÈME.

Ju traité de Campo-Formio était signé, et la république, qu'il élevait à un si haut degré de gloire et de puissance, mourait au milieu de son triomphe. Déjà elle avait vu renverser sa troisième constitution; ceux mêmes qui lui devaient leur pouvoir venaient de la détruire. Ils se flattèrent dé régner plus que les lois, et l'anarchie régna plus qu'eux. Ce n’était pourtant pas l’ambition qui les avait portés à déchirer le code qu’ils avaient présenté à la vénération du Lo Ils avaient recu de justes ombrages qui, par degrés, es avaient amenés à la plus aveugle colère. On peut disputer long-temps pour savoir si, dans les circonstances où le directoire se trouva placé, un coup d’état était nécessaire. Mais ce qui est accordé par tous les partis, c’est que jamais coup d'état ne fut frappé par des mains plus maladroites , et n’eut des suites plus déplorables.

Je vais retracer, plutôt par des observations générales que par un développement de faits, dont les uns paraîtraient minutieux, et dont les autres ont encore pour moi quelque obscurité, les causes du 18 fructidor.

Le gouvernement républicain n’avait pas obtenu en France une sanction générale. Quelque ivresse qu'on eût d’abord montrée pour la liberté, elle s’était toujours conciliée, dans l'imagination de plusieurs de ses partisans les plus éclairés, avec la monarchie.

Le monarque était mort sur léchafaud; son jeune fils était mort dans une prison ; il ne laissait plus d’héritiers que parmi dés princes qu’on croyait à tort, par leur séjour dans une terre étrangère, devenus étrangers à leur patrie; car ils n'étaient indifférens qu'à une partie de la nation, et la monarchie n’était pas oubliée ; c'était un besoin vague, mais constant. Il se manifestait par un retour progressif vers toutes les habitudes que l’on avait rejetées dans le commencement de la révolution avec une fougueuse inconstance. Ce qui leur rendait le charme dont elles avaient été long temps dépouillées , c’est qu’elles contrariaient les vœux de Fautorité, espèce de révolte qui n’a que trop d’attraits pour une nation qui se plaît à vanter elle-même sa légéreté et sa malignité.

Sans doute si les dépositaires de l'autorité enssent offert cet éclat dont brillaient les guerriers, la nation eût été plus en harmonie dans ses affections avec le patriotisme de ses