Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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tains , puisqu'ils l’étaient sans passion, sans orgueil, sans dévouement, Ils se piquaient de juger toutes les lois par les plus exactes notions du juste et de l’injuste; le mot salut de la patrie ne les subjuguait pas; leur esprit d’analyse voulait juger ce mot; ils étaient amoureux des applaudissemens, non de la multitude, mais de sociétés brillantes et frivoles, qui tendaient des piéges à leur modération même, et ne cessaient d’attiédir leur républicanisme. Plusieurs d’entre eux avaient, à un degré éminent, cette éloquence qui naît d’une raison forte et ingénieuse; aucun d'eux n’avait , d’une manière remarquable, cette éloquence qui naît des passions ardentes , et dont le charme est plus impérieux, J'ai souvent assisté à leur réunion intime; j'étais confondu de voir tant d’irrésolution et de scepticisme dans ce qu’on appelait un parti. Ils se maintenaient dans la position d’arbitres entre les royalistes et les républicains. Je wen ai point connu (je parle d’une époque qui précéda les élections de germinal) qu’on pût soupconner d’avoir des liaisons avec la cour du prétendant. Ils évitaient, par une fierté impolitique, d’avoir des liaisons avec la cour du Luxembourg. Je termine un portrait dont les couleurs générales ne peuvent s'appliquer à tous les individus, en disant que c’étaient des hommes du monde pleins d'aménité, et des hommes de parti pleins d’insubordination.

Le conseil des anciens , tel que la constitution l'avait organisé , était le théâtre qui leur convenait le mieux; aussi y eurent-ils des succès plus marqués et une direction plus sûre. On lit encore avec intérêt les discours de Portalis, de Tronçon-du-Coudrai , de Tronchet, de Muraire, de Dupont de Nemours, de Lebrun. Ils sont moins nécessaires à l'étude de l’histoire qwu'utiles à l’étude de, la science politique.

Plusieurs discours de Siméon , de Boissy-d’Anglas, de Pastoret et de Vaublanc, prononcés dans le conseil des cinqcents, offrent un même genre d'instruction à recueillir dans des sources agréables et pures.

Le directoire avait des adversaires plus passionnés et beaucoup plus dangereux dans un grand nombre d'écrivains politiques. Ce n’était plus le temps des vastes théories des recherches sur l’origine des sociétés, sur les droits de l'homme, sur le meilleur des gouvernemens. La révolution française avait enfin détourné la méditation de ces abîmes, Il s'agissait de réparer les maux de cette révolution : on les signalait, on en indiquait le remède, on en demandait la vengeance dans une foule de brochures et d'articles de jourmaux. Depuis que les clubs avaient perdu l'initiative sur les

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