Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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bile d’une guerre cruelle et impolitique ; Berne avait un trésor qu’on estimait à quinze millions de livres tournois.

Les maux qui allaient accabler la Suisse eussent été beaucoup adoucis, si le directoire, en appelant dans ces contrées une armée française, eût laissé aux chefs militaires le soin de diriger les négociations politiques. Les soldats français étaient pénétrés de respect à la vue de ces vétérans de la liberté qu'ils avaient à combattre. Les nombreux agens que le directoire envoya successivement en Suisse irritèrent l'orgueil qu’il fallait calmer, ne firent entendre que des menaces, et se hâtèrent de les accomplir.

Le général Ménard fut chargé d'appuyer par les armes une déclaration que le directoire avait fait notifier le 8 nivôse (28 décembre) aux sénats de Berne et de Fribourg, portant qu'ils Per de la sûreté individuelle et de la propriété des habitans du pays de Vaud, qui auraient pu où pourraient réclamer l'appui de la république francaise , en exécution des anciens traités, et à l'effet d’être maintenus ou rétntésrés dans leurs droits civils ou politiques. l

À l'approche de quinze mille Francais qui s'avancent par le pays de Gex, tout le pays de Vaud se déclare indépendant, prend pour ralliement la cocarde verte, jadis arborée par Guillaume-Tell, plante des arbres de la liberté , et il y aune république du Léman. Mais l’armée bernoise s’avance de son côté sur ce territoire, Le général Weiss, le chef du parti qui, dans le conseil, a le plus parlé de modération, est à la tête de cette armée. On négocie encore , le sénat de Berne a fait quelques promesses aux insurgés. Tout annonce dans ce corps de l’irrésolution.

En effet, il était agité par une discorde intestine. Les plus jeunes des sénateurs inclinaient pour une conciliation. Les vieillards , et particulièrement nn homme qui avait mérité une profonde vénération par beaucoup de vertus et de talens, lavoyer Steiger, s’indignaient de la lenteur et du peu de fermeté des préparatifs de la république à l'approche de Pinvasion étrangère, Ils ajoutaient à l'autorité de leurs discours celle des souvenirs historiques. Ils enflammaient d’honneur et de courage la partie allemande de leur domination. Hs faisaient un appel à tous les Suisses. Déjà les députés des Treize-Cantons étaient convoqués pour une diète solennelle. Des ames pures et religieuses allaient prononcer à la face du ciel un serment qui les vouait au maintien de leur indépendance ou à la mort.

Un événement, dont on n’a pas bien connu la gause, hâta le choc entre les soldats français et les soldats suisses.

Un aïde-de-camp du général Ménard venait de porter une