Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 159

déclaration au général de l’armée bernoise , dont le quartiergénéral était à Yverdun. Il était dans une voiture escorté par deux hussards et deux soldats vaudois. À deux lieues d’Yverdun , il est assailli par un poste de troupes bernoises. Trois des soldats de son escorte tombent criblés de balles. L’officier parvint cependant à se sauver.

À la nouvelle de cet attentat, le général Ménard entre dans le pays de Vaud. Les troupes de Berne et de Fribourg se retirent précipitamment. Le général Ménard, qui craint encore d’allumer une guerre si déplorable, ne poursuit point ses avantages au-delà de la république du Léman.

Bientôt aux discordes qui troublaient le conseil de Berne se joignirent celles de tous les autres cantons. Sommés d’accourir au secours de l’état le plus puissant de leur ligue, ils délibéraient, et leurs discussions prolongées amenaient chacun d’eux à une situation aussi alarmante que celle de Berne et de Fribourg. Soleure se déiermina, à l'exemple de ces derniers , à défendre ses prérogatives aristocratiques. Les sénats de Bâle, de Zurich et de Lucerne, firent d'importantes concessions à leurs sujets. Les Sept-Cantons démocratiques avaient d’abord intercédé auprès du sénat de Berne en faveur des habitans du pays de Vaud. Ils avaient oublié qu’euxmêmes ils comptaient quelques sujets dans leur petit territoire. Ceux-ci ne tardèrent pas à élever leurs prétentions; il fallut y satisfaire.

Malgré tant de divisions, lorsqu’à la demande de l’avoyer de Berne, Steiger, les Treize - Cantons eurent à délibérer sur la nécessité de repousser l'invasion des Français, tous s’y résolurent, à l'exception de celui de Bâle. Le serment fut prononcé dans la ville d'Arau. C'était à un serment prononcé le 17 novembre 1307, par trois paysans qui devinrent trois héros, que la Suisse avait dû sa liberté.

Il était peu de Suisses qui n’eussent visité la pierre sur laquelle il fut prêté. Ils le renouvelèrent avec l’accent de leurs ancêtres; mais ils se bornèrent en quelque sorte à la résolation de mourir. C’étaitleur pacte fédératif qui était menacé; pour le conserver, tout prescrivait de lui donner plus de force, et peut-être de déférer la dictature à un seul canton, à un seul magistrat. Il est des circonstances extrêmes où les républicains ne se sauvent qu'en empruntant momentanément les forces du système monarchique.

Berne s’est décidée à la guerre, et son armée rentre dans une partie du territoire de Vaud. Mais l’armée francaise s’est accrue. Elle est commandée par le général Brune, formé à l'école de Bonaparte; elle sort des campagnes de l'Italie ; elle s'étonne des ennemis que le gouvernement français lui a