Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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donné à combattre, mais elle a de la gloire à conserver. Une division de l’armée du Rhin, sous les ordres du général Schauembourg, s’avance par le nouveau département du Mont-Terriblé, pour opérer sa jonction avec celle du général Brune. Celui-ci précipite l'attaque. Tout le plan de ses opérations réussit. Le 2 mars 1798, la ville de Soleure est forcée de se rendre. Le même jour , la ville de Fribourg est emportée d’assant. On marche sur Berne, qui n’a pas encore disposé ses mesures défensives, et qui est bien loin d’avoir réuni les soixante mille hommes dont elle peut disposer.

Le désespoir et la rage sont entrés dans l’ame des sujets fidèles de Berne; tous veulent mourir pour le gouvernement qui les rendit long-temps heureux. Ils we lui permettraient plus de capituler avec l'ennemi ; ils s’indignent qu’on aitpu en parler. Ils sont féroces dans leur dévouement. Les vieillards et les adolescens prennent les armes. Les femmes se font admettre dans leurs rangs. Tout ce désordre de courage gêne les commandans , qui ne peuvent parvenir à s’en rendre maîtres. Cependant l’armée française serait perdue, si elle s'écartait un moment de la discipline et de la tactique qu'elle a apprises en Italie. Elle entre dans Morat , et elle y abat avec un ressentiment national la chapelle que les Suisses remplirent des ossemens des Bourguignons, après la défaite de Charles-le-Téméraire. Le général Rampon avait été chargé de s'emparer des défilés du Gumine pour assurer la prise de Berne. Il y trouve de fortes batteries, qu’il fait emporter à la baïonnette. Un autre combat s'engage auprès de Faubrün. Quel combat! quel victoire! Un grand nombre de femmes armées y sont tuées ; les vainqueurs baign2nt de larmes cet affreux champ de bataille. Le général Schauembourg a passé la rivière de l'Aar à la tête de dix-sept mille hommes; Berne va être investie de tous les côtés. Les patriciens l’abandonnent : les Français y entrent le 5 mars.

Rien ne peut exprimer la fureur des troupes suisses qui marchaient au secours de cette ville, en apprenant sa subite reddition. Ce sont ceux qu’ils viennent défendre qu’ils accusent; ils massacrent leurs propres officiers ; leur rage effrénée se porte jusques sur le général d'Érlach. Ce chef vaillant et fidèle avait pris la résolution de ne point survivre à la ruine de sa patrie; il voulait se faire tuer dans le premier combat : Mes amis , avait-il dit, je ne verrai point la fin du jour, et c’est ce jour-là même qu’il expire sous les coups des siens, après avoir entendu toutes les imprécations dont on accable les traîtres.

Les républicains français , maîtres de Berne , de son arsenal, de son trésor et de tout son territoire, avaient rempli