Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 169

français le partagèrent. Les partisans du gouvernement pontifical surent profiter de ces dispositions. Îls combinèrent un double mouvement, dont l’un avait pour but de révolter les soldats contre leur nouveau général, Massena, qui arrivait pour remplacer Berthier, et l’autre, de soulever le peuple contre les Français. L'armée fut séduite par de perfides instigateurs, au point de mettre en danger sa gloire et son existence. Ce fut la première sédition militaire dont on entendit parler dans nos armées, depuis que la révolution leur avait donné une forme nouvelle; elle eut tous les caractères du délire. Le général Massena, après de vains efforts pour calmer les séditieux, craignit, en prolongeant cette lutte, de livrer l'armée au complot qui allait se déclarer contré elle. Ils’éloigna, et remit le commandement au général Dallemagne. L'armée était encore dans tout le désordre qui suit de tels monvemens, lorsque le quartier populeux de Transtevere se révolte , prend les armes, marche , en prenant pour bannière une image de la Vierge, égorge aux cris de viva Maria tous les soldats français qui se trouvent isolés , s'empare de plusieurs postes, massacre toute la garde de l’église de SaintPierre , et se porte vers le château Saint-Ange. Enfin le général Dallemagne parvient à rallier les soldats. Aidé de la garde bourgeoise de Rome, il fond sur les rebelles, les taille en pièces, et fait tout rentrer dans le devoir.

Le même mouvement s'était déclaré dans tout l’état romain. Le général Murat marcha avec une petite troupe contre les différentes colonnes d’insurgés, les dispersa et les punit. L'armée revint de son égarement, la discipline militaire s’y rétablit. Un chef de bataillon fut condamné à mort, comme convaincu de pillage et de vols.

Les révolutions qui venaient de s’opérer dans la Suisse et dans l’état romain avaient irrité, mais en même temps intimidé l'Autriche. La première sur-tout lui annonçait tout ce qu’elle aurait à craindre encore de la bravoure et de la discipline des Français, puisqu'ils avaient triomphé en si peu de temps du désespoir d’un des peuples les plus belliqueux. Toutes les combinaisons des cabinets de l’Europe étaient suspendues, jusqu’à ce que l’on connût la destination de l'armement maritime qui devait être commandé par Bonaparte. Ce général était parti de Paris le 5 mai, et s’était rendu à Toulon, accompagné d’un grand nombre de savans, de littérateurs et d'artistes, qui avaient désiré le suivre dans une expédition dont. personne ne connaissait le secret. I! s'était embarqué sur une flotte de plus de quatre cents voiles, parmi lesquelles on comptait treize vaisseaux de ligne. Ælle portait une grande partie de l'armée qui avait fait les glorieuses campagnes d'Italie.

92 29,