Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Après une longue incertitude , on apprit un événement qui fut regardé comme un des prodiges les plus étonnans de Ja fortune de Bonaparte, la prise de Malte. On apprit ensuite qu’il avait débarqué à Alexandrie , que, déjà victorieux dans pose combats contre les Mameloucks, cette puissance militaire et anarchique qui opprimait l'Egypte, il se disposait à marcher sur le Caire. Les triomphes qui étaient promis aux Français dans l'Afrique , et peut-être dans l'Asie, augmentaient la terreur et l'admiration de l'Europe. Mais bientôt retentit une nouvelle qui semblait annoncer que la France serait pour jamais privée de son plus grand capitaine et de l'élite de ses combattans : c'était la destruction de la flotte francaise auprès d'Aboukir. (Je parlerai ailleurs de cette expédition d'Egypte et des ressources que Bonaparte , abandonné de la fortune, trouva dans $on génie.) L’amiral Nelson, vainqueur dans le combat d’Aboukir, conduisit dans le port de Naples sa flotte, augmentée d’un grand nombre de nos vaisseaux. Il ne pouvait aborder sur une terre, sans en excepter même sa patrie, où l’on jouît avec plus d'ivresse de sa victoire, où l’on s’en exagérât plus follement les conséquences. La reine de Naples n’eût pas reçu avec plus d’acclamations un de ses amiraux qui aurait gagné une bataille navale. On accabla d’honneur ce vieux marin ; l’héroïsme embellit ce front tout couvert de cicatrices aux yeux d’une des femmes les plus séduisantes de l'Europe, lady Hamilton, l'épouse de l'ambassadeur anglais. Nelson et celle-ci s’étudièrent à enivrer de gloire et de vengeance une cour où ce dernier sentiment était déjà profondément excité. Tout conspirait contre le repos d’un monarque faible et borné , qui eût préféré aux triomphes dont on le berçait la jouissance paisible de ses vulgaires amusemens. La reine de Naples, qui avait communiqué à l’impératrice sa fille un ardent désir de renouveler la guerre contre les Francais, lui avait demandé un général qui püût illustrer les armes napolitaines. Nul n’avait promis de plus grandes choses que le général Mack. Il fut choisi sur la foi d’une renommée trompeuse. Il arriva avec ses plans de campagne. La reine de Naples , son ministre d’Acton et lady Hamilton ne se lassaient point d’entendre tous les prodiges qu'il devait accomplir à la tête de soixante-dix mille Napolitains.

Cependant l'Autriche hésitait encore à se déclarer. Le congrès de Rastadt quelles que fussent ses lenteurs, ne répondait point aux espérances que le cabinet de Vienne en avait concues. Les conclusum que le directoire de France demandait impatiemment à cette assemblée se faisaient attendre, mais ils satisfaisaient à tous les vœux de la république. Les articles secrets du traité de Campo-Formio stipulaient en termes