Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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traire , c'était au commencement de mars, et avec une armée inférieure ennombre. Après une suite de combats meurtriers, et secondé par le général Lecourbe , qui commandait son avant-garde , il se rendit maître de tout le pays des Grisons, et fit un grand nombre de prisonniers. Il cherchait à se porter sur Bregentz, sur Lindau et sur la rive orientale du lac de Constance, pour communiquer avec le général Jourdan, qui s’avançait dans la Souabe, tandis qu’une autre armée commandée par Bernadotte s’avancait dans le Palatinat.

Mais après la longue suite de triomphes que j'ai rapportés, et que malheureusement la paix avec l'Autriche n’avait point interrompus, la fortune se montra contraire aux Français. Le directoire n’avait pas pris assez de soin pour rassembler ses armées éparses. Elles couvraient une surface immense de terrain , et ne se trouvaient en force nulle part. Leurs cadres avaient été mal complétés. L'administration de la guerre avait été livrée à de grands désordres. Les fréquentes disgrâces des généraux vainqueurs portaient un caractère général de défiance dont l’armée s’irritait. Les soldats avaient encore tout leur courage , mais ils avaient perdu cet enthousiasme et cette joie qui avaient accéléré toutes leurs victoires.

De-là les revers qu’ils éprouvèrent presque à-la-fois en Allemagne et en ltalie,

L'armée du général Jourdan , qui s’avançait dans la Souabe, n’était composée que de quarante-cinq mille hommes. L’archiducCharles marchait contre lui à la tête de la plus bellearmée qu’eût encore rassemblée l'Autriche ; elle était de soixante - dix mille hommes; elle avait sur l’armée française une grande supériorité de cavalerie. Jourdan espérait être renforcé par Massena, si celui-ci parvenait à emporter les retranchemens de Feldkirch ; mais ce dernier ne réussit point dans cette entreprise. Il y avait eu déjà quelques combats d'avant-garde entre l’archiducet Jourdan. Le général francais s'était posté derrière Stockach , et dans cette position , il était sûr de sa retraite par les défilés des montagnes et par Schaffouse. Ce fut Ià ce qui lui inspira la confiance d’engager une action générale. Le 6 germinal { 26 mars) , tous les avant-postes de l’armée autrichienne furent attaqués à-la-fois. L’infanterie française ne démentit point sa grande renommée , elle avait repoussé la droite des Autrichiens ; elle était sur le point de tourner le centre , lorsque Parchiduc arriva avec un renfort qu’il avait tiré de'sa gauche. Le plus grand effort des deux armées eut lieu dans un bois que les Français, sous les ordres du général Saint-Cyr, avaient occupé. Après une résistance opinñtre , les Français ne purent s’y maintenir. La nuit mit fn à un combat qui avait été excessivement meurtrier des