Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 181

deux côtés. Le général Jourdan, qui n'avait pu réussir dans son projet d’emporter les plus fortes positions de l’armée autrichienne , eut pour consolation de coucher sur le champ de bataille.

L’archidue Charles, dans la relation de cette bataille , qui fut annoncée comme l’une des plus glorieuses pour la monarchie autrichienne, porte à cinq mille hommes la perte des Francais, y compris les prisonniers. De son côté, le général Jourdan déclare avoir fait quatre mille prisonniers. Ilse plaint de ce qu'une charge de cavalerie, qu’il avait ordonnée, et et qui devait, selon lui, décider le succès de l’action, n’ait pas été exécutée.

Il passa la nuit à disposer sa retraite sur Schaffouse , et il l'effectua le lendemain sans être inquiété par l’archiduc. Peu après il abandonna le commandement de l’armée , et le général Massena fut nommé pour le remplacer. Les fâcheux eflets de la bataille de Stockach étaient un peu compensés par des avantages très-brillans que legénéral Lecourbe venait de remporter chez les Grisons et dans l’'Engadin. Mais les revers de Varmée d'Italie augmentèrent les alarmes, firent perdre en quelques mois le fruit des glorieuses campagnes de Bonaparte et amenèrent promptement la chute des directeurs, dont les malheurs publics révélaient enfin toutes les fautes. C’est ce qui me reste à exposer dans ce livre. Maïs il faut auparavant parler d’un événement qui, par son fatrocité , causera longtemps l'horreur des nations, et par son obscurité le désespoir des historiens.

Malgré la guerre engagée avec l'Autriche, le congrès de Rasiadt n’était pas encore rompu. Une partie du corps germanique espérait conserver sa neutralité sous la protection du roi de Prusse. La France voulait l’engager à protester contre l’entrée des Russes sur le territoire autrichien. Un projet de sécularisation des états ecclésiastiques avait été long-temps agité; ce qui avait répandu une vive alarme, et excité beaucoup de passions contraires en Allemagne. La ville de Rastadt était tombée au pouvoir des Autrichiens. Il leur importait de rompre un congrès qui pouvait éloigner l’empire germanique de leur cause. Un commandant autrichien signifia aux trois ministres plénipotentiaires de la France, Bonnier , Roberjeot et Jean-Debry, l’ordre de sortir de la ville dans vingt-quatre heures, lorsque déjà ceux-ci disposaient leur départ. Mais, le même jour, un courrier de la légation française avait été arrêté sur la route de Seltz à Rastadt , par un détachement de hussards autrichiens. Cette violence n’annoncait que trop aux ministres : français ce qu’ils avaient à craindre pour eux-mêmes. Ils