Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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il est impossible que les soupcons ne s’arrêtent pas sur le commandant autrichien qui douna l’ordre du départ et re-

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« Ministres, vous couceverez facilement que, dans l'enceinte des postes occupés par les troupes impériales , on ne saurait tolérer aucun citoyen frauçais ; en conséquence, vous m’excuserez si Je me vois obligé de vous signifier de quitter Rastadt dans l’espace de vingt-quatre heures. »

Grensbach, ce 29 avril. Signe Banvarezy.

Les ministres français résolurent de partir sur-le-champ.

Avec l'officier qui avait apporté la lettre, il était arrivé cinquante hussards Szecklers, qui s’étaient postés à la porte d’Etlingen, et avaient fait occuper de même les autres postes.

Lorsque la légation française se présenta à la porte de la ville , on lui annonca qu’elle ne ponvait sortir. Les trois ministres descendirent sur-le-champ ; et laissant - là leurs voitures avec leurs familles et leur suite , ils se rendirent au château chez le ministre de Mayence. Personne ne pouvait concevoir cette contradiction de l’ordre de partir sous vingtquatre heures avec l'obstacle mis à ce départ aux portes de la ville. ls demandèrent, pour n'être plus arrêtés, une escorte militaire, Là, ils furent obligés d'attendre long-temps la réponse , qui fut enfin apportée par M. de Harrant, major au service du margrave de Bade. Elle portait que le capitainene pouvait point donner d’escorte, parce qu'il n'avait point d'ordre pour cela , mais que les ministres français ne trouveraient aucun obstacle sur leur route. À la demande du major de Harrant, si on devait entendre par-là que les ministres français pouvaient passer de l’autre côté du Rhin; en toute sûreté , et si Harrant pouvait les enassurer, le capitaine avait dit : Oui. Les ministres français préférèrent donc, après quelques réflexions , partir de suite sans escorte, plutôt que de retourner au château pour y attendre le point du jour; parti que plusieurs conseillatent de prendre, et que les femmes désiraient,

Entre neuf à dix heures, les ministres français sortirent enfin de la ville. La nuit était très-sombre; on portait une torche devant leurs voitures.

À peu près un quart d'heure s’était écoulé, lorsque de divers côtés arriva la nouvelle que les voitures de la légation française avaient été arrêtées avec violence par des hussards autrichiens, qui avaient donné des coups de sabre aux cochers et au porte - flambeau. La plupart des membres du corps diplomatique se tronvaient dans ce moment rassemblés dans un Cassino. L’envoyé ligurien Boccardi etson père, qui étaient dans la dernière voiture, et qui s'étaient échappés > ÿ apportèrent la première nouvelle. On décida unanimement qu’on se rendrait ensemble près du capitame, pour lui demander une explication , et avant tont , les secours les plus prompts. Peu de minutes après , arriva la nouvelle attéraute, que les ministres français avaient été assassinés par les

soldats de l’empereur.

La raison se refusait à trouver ce crime vraisemblable ; le cœur ne le trouvait pas possible : &« Non, non , c’est faux , fut le cri universel.» Cependant le désir de faire cesser le plus tôt possible un malheureux malentendu , fit hâter les pas vers l'officier commandant. fl avait son quartier-général à vingt pas de la porte d’Etlingen , à l'auberge dite de la Lanterne. La garde de la porte s’opposa au passage de la société, quoïqu’elle s’annoncât comme composée d’envoyés de cours royales ct pu Ce ne fut qu'avec la plus grande peine qu’on obtint qu’un

as-oflicier nous annoncât. On demanda une seconde fois quels envoyés