Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 185

Fe suffisamment, c’est que les assassins n’étaient pas des hussards de Szecklers , mais des hommes qui en avaient pris I —————— — © ——— il se donna toutes les peines imaginables pour le découvrir. IL proposa même de faire des recherches dans les bois, et de demander, pour cet effet, une escorte de quelques hussards autrichiens , qui se joïudraient à lui et aux deux hussards dont il était accompagné. Mais cette escorte Ini fat refusée, sous prétexte qu’on pourrait aisément rencontrer d’autres patrouilles autrichiennes , et que, dans l'obscurité de la nuit, on courrait risque d’en être attaqué. M. de Harrant fut donc obligé de remettre l'exécution de son dessein jusqu’au jour, et ramena , en attendant, les carrosses dans la ville.

Les épouses de Jean-Debry et de Roberjeot , les filles du premier, les secrétaires et les domestiques s’y trouvaient. Aucun d’eux n'était blessé ; plusieurs avaient été dépouillés cependant de leur argent , montres, etc. ; il n’y avait eu que les trois ministres qui eussent été attaqués par les meurtriers. Les carrosses arrétèrent devant le château. Chacun s’empressait d'approcher lesinfortunés quiy étaient afin de leur porter dessecours ; mais on écarta tout le mondeindistinctement, même les plus considérés des ministres , parce que, nul officier n'étant ‘présent , il fallait auparavant attendre des ordres,

Eufin on obtint de pouvoir porter dans les appartemens de M. Jacobi, ministre du roi de Prusse, madame Roberjeot , étendue démi-morte dans la voiture qui arrétait devant la porte de ce ministre. Madame Debry, ainsi que ses deux filles, furent obligées de descendre de leurs voitures dans la rue; parce que jamais on ne voulut permettre que les éarrosses, entrassent dans les cours du château.

On apprit les détails de l’assassimat de Roberjeot par son valet-dechambre, qui avait été dans la même voiture. Il déposa que des hussards s'étaient presentés à la portière, qu’ils en avaient brisé les glaces, et demandé : « Ministre Robérjeot ; » sur quoi celui-ci avait répondu en fran= çais, our, en produisant en même temps le passe -port del’envoyé directorial de Mayence ; que les hussards avaient déchiré ce passe-port ; qu'ils avaient fait sortit de force le ministre de sa voiture , et lui avaient porté plusieurs coups très-violens ; que l’infortuné ayant donné cependant quel ques signes de vie, et sa femme ayant érié : « Oh! sauvez, Ssauvezin... les hussards avaient redoublé leurs coups; que madame Roberjeot alors sé tait élancée sur le corps de son mari, mais que lui, valet-de-chambre ,: l'avait saisie fortement dans ses bras, lui bouchant les oreilles, et em—

échant qu’elle n’entendit les cruels gémissemens du mourant; que lui, valet-de-chambre, avait été jeté hors de la voiture par un huassard que Jui avait demandé : « Domestique » ; ét ayant répondu affirmativemenit, le hussard Ini avait donné à entendre par signe qu'il n'avait rien à craindre z que néanmbins il s’était saisi de sa montre ét de sa bourse ; que la mêrue chose était arrivée à madame Roberjeot. Cependant plusieurs d’entre nous ont remarqué que la voiture n'avait pas été pillée entièrement ; maïs qu'on avait laissé de l’argentet des effets préciéux, Lorsque madame Roberjeot quitta sa voiture, elle toraba en défaillance, s’écriant à plusieurs repriâes avec une voix déchirante : « On l'a häâché devaut mes yeux.» Le se crétaire de la légation, Rosenstiel, qui sè trouvait dans une des dernières voitures, et par conséquent près de la ville, s’est vraisemblablement sauvé par les jardins, dès le commencement de l'affaire. On le trouva dans le logement du ministre de Bade , dans un état de délire. Quel 3! 24: