Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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firent sortir de Legnano des troupes qui génèrent la communication entre les divisions victorieuses, et pendant la nuit, celles-ci se replièrent sur leurs premières positions , en conservant pour gages apparens de leurs victoires deux ponts sur l'Adige, douze pièces de canon et deux drapeaux, et quatre mille cinq cents prisonniers. Il y avait eu des deux côtés à peu près trois mille hommes tués ou blessés.

La position des Français ne leur permettait pas de bataille indécise ni de victoire incomplète. L'armée autrichienne allait être plus que doublée par les renforts qu’elle atten= dait , et Schérer n’avait eu qu’une espérance vague et mal fondée de tirer quelques secours de l’armée du général Lecourbe , dont une division devait chercher à s'ouvrir un

chemin dans le Tyrol pour venir se joindre à lui. Cette entreprise n'avait pas réussi. Tous les malheurs de l’armée d'Italie vinrent de l’obstination du général Schérer, à vouloir regarder la journée de Castel-Nuovo comme une victoire qui lui en préparait une plus éclatante. Le 26 germinal (16 avril), il recommença la même attaque. Le général Krayÿ avait été instruit que les Français devaient tenter une seconde fois le passage de l’Adige. Il avait pris la résolution de les prévenir , et de les attaquer sur tout leur front.

La bataille s’annonca sous des auspices favorables. comme celle de Castel-Nuovo. Moreau , toujours à la tête de trois divisions , se dégagea avec beaucoup d’art et d’intrépidité d’une position difficile. Menacé sur ses derrières , il s'était porté en avant avec tant d’ardeur, il avait manœuvré avec tant d’habileté , que les ennemis avaient été forcés de reprendre le chemin de Vérone. Il vint à bout de percer leur centre , et de les poursuivre jusqu'aux portes de la ville; mais , ou il porta trop d'impétuosité dans ce mouvement , ou le général en chef mit trop de lenteur à le seconder , il se trouva bientôt entre les divisions françaises de longs intervalles, dont les Autrichiens profitèrent. Elles furent attaquées séparément , et sans pouvoir se porter des secours assez prompts. Le général Serrurier se maintint à Villa-Franca , qu'il avait emportée. Mais , dans d’autres postes , les Francais plièrent; leurs opérations ne pouvaient plus se concerter. Le général Kray avait fait sortir de Vérone une réserve assez forte qui contraignit à la retraite les deux divisions qui marchaient pour seconder Moreau. Cependant celui-ci se maintenait encore dans uneposition avancée, lorsqu'il recut l’ordre du général Schérer d'effectuer sa retraite.

Ainsi les Français avaient échoué deux fois dans une attaque dont le succès seul pouvait leur conserver cette brillante offensive à laquelle ils étaient accoutumés. Les soldats