Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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tions de l’archiduc Charles, avait fait occuper les vallées de Maurienne et d'Aoste, et avait paru menacer les frontières de France, après soixante-dix jours d’une marche victorieuse , commencée depuis les rives de l’Adige. Mais ce général sut réparer par des prodiges d'activité les fautes où avaient pu l’engager la multiplicité et l'étendue de ses entreprises. Il rassembla ses corps divisés, et vint avec une supériorité imposante à la rencontre de l'impétueux Macdonald , qui avait emporté Modène de vive force , qui était entré à Reggio, à Parme, et enfin à Plaisance, dont il attaquait la citadelle.

Le torrent de la Trébia, qu’une victoire d'Annibal a rendu si fameux, séparait les armées entre lesquelles allait se balancer encore une fois le sort de l'Italie. Macdonald, impatient de combattre, osa le passer. L'action s'engage avec toute la furie française. Mélas, qui vint secourir le général Oit, ne peut résister à ce choc. Il plie, mais sa retraite est calculée. Son avant-garde revient, sans confusion , s’appuyer sur celle des Russes que commande Suwarow. Le combat se rétablit; les Francais sont arrêtés, mais ils se tiennent immobiles dans les postes qu’ils ont conquis. La nuit arrive , et ils sont encore maîtres des deux rives de la Trébia._

Mais Suwarow a recu des renforts. Macdonald s'est affaibli. Dès le lendemain , la bataille recommence. Russes, Autrichiens, Français, tout combat, comme si la gloire et la destinée de leurs nations étaient attachées à cette journée. Le nombre accable les derniers ; ils repassent, en frémissant, la Trébia, mais ils ont juré de réparer leurs revers. Leur courage opiniâtre leur défend de songer à une retraite qui serait encore facile et sûre. Le jour suivant, le premier messidor (19juin), la Trébia est de nouveau franchie par les Français, Macdonald a conçu la manœuvre la plus hardie ; il n’a pas craint de détacher d’une armée inférieure de moitié à celle qu’il a à combattre une colonne qui doit passer le PÔô pour tomber sur le flanc gauche des ennemis. On se bat tout de jour etsur une longue étendue de terrain. Arrive enfin le moment où les Français, vainqueurs sur quelques points, et partout mourant plutôt que de se rendre, manquent de muvitions. Le général ordonne la retraite. Jamais des vaincus ne s'étaient autant fait craindre et respecter de leurs ennemis. Vingt mille hommes étaient restés sur le champ de bataille; il n’en restait que quatorze mille à Macdonald; mais Suwarow avait tellement acheté ses deux victoires, qu’il ne put inquiéter que faiblement une retraite savamment conduite. Le général Moreau sut diviser son attention, et le