Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ue fit, suivant l'opinion des militaires, le général Suwarow, en ne négligeant le siége d'aucune de ces places.

Le général Moreau se défendit avec succès dans sa nou« velle position. Suwarow employa tous les stratagèmes militaires pour la lui faire abandonner: Sept mille Russes avaient passé le Pô, ét ne paraissaient que l'avant-garde d’une armée qui s'avançait sur la Ligurie. Le général français réussit à couper cette division, et lui fit un grand nombre de prisonniers. Suwarow se porta alors avee la plus grande partie de son armée dans le Piémont, et vint faire le siége de Turin. Rien ne pouvait faire oublier à Moreau l’armée de Naples, qu'il savait s'être mise en route pour venir le joindre. Après avoir perdu plusieurs postes qui le couvraient dans son camp sous Tortone, il fit sa retraite sur Coni, conservant avéc soin tous les défilés des Apennins , par lesquels il s'attendait que cet important renfort s’avancerait vers lui. M an EE

Il se trompait dans cette éspérance. Macdonald, qui avait succédé à Championnet dans le commandement de l’armée de Naples, et qui s’était couvert de gloire dans la conquête de ce royaume, obligé de l’abandonner, se montra plus jaloux d'affronter l’armée victorieuse de Suwarow que de fi échapper. Il pouvait seconder et relever le général Moreau ; il agit comme s’il voulait l’éclipser.

En se retirant de Naples, il avait promis un prompt retour aux malheureux patriotes qu’il laissait exposés à toutes les fureurs d’une cour vindicative , et que déjà les paysans soulevés par le cardinal Ruffo menacaient de toutes parts. Il s'était contenté de laissér une garnison considérable dans Île fort Saint - Elme ; il avait traversé l’état de l'Eglise, et avait recueilli dans le Bolonais deux divisions qui l’attendaient pour protéger sa retraite. IL était entré dans la Toscane ; il avait vaincu, dans une suite de combats , les corps autrichiens que Suwarow avait détachés pour s'opposer à son retour. Arrivé à Lucques, le 14 prairial (3 juin), il était maître de se retirer sur l’état de Gênes: Les nouvelles victoires qu’il remporta sur les Autrichiens le séduisirent ; au lieu de suivre la chaîne des Apennins, il descendit dans la plaine, et concut le projet audacieux de se réunir au général Moreau, en percant le centre de l’armée de Suwarow. Tout semblait favoriser son audace ; les siéges de Mantoue et des citadelles de Turin, de Milan, d'Alexandrie, de Tortone, entrepris à-la-fois par les Autrichiens et les Russes, avaient beaucoup divisé leurs forces. Moreau, qui venait d'entrer dans Gênes, en attirait sur lui une grande partie. Suwarow, dans le dessein de favoriser les opéra-

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