Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Vactivité et la politique, ne coûta à Bonaparte que neuf jours. Il lui tardait de partir et d'accomplir un plus vaste. dessein. Il mit à la voile le premier messidor (22 juin}, et laissa pour la défense de sa conquête une forte garnison sous les ordres du général Vaubois, qui eut bientôt à soutenir un siége long et glorieux contre la flotte anglaise. Déjà elle était entrée dans la Méditerranée, et s’avancait à la poursuite de Bonaparte. Un héros la conduisait , c'était Nelson. Les Anglais, pendant le désastre de l'Europe, avaient tout placé sur leurs vaisseaux : là se trouvaient le vrai génie et le courage de leur nation. Les Francais depuis long-temps leur avaient refusé l’occasion de triomphes maritimes. Les Espagnols n’avaient point été heureux dans les premiers efforts qu’ils avaient faits pour unir leur pavillon au nôtre; l'amiral Jervis avait rencontré et battu complétement leur flotte auprès du cap Saint-Vincent. Il leur avait pris et brülé un grand nombre de vaisseaux. Depuis ce temps, il bloquait le port de Cadix. Le but de l’expédition de Bonaparte avait été pressenti, et même connu en Angleterre. Le gouvernement directorial n’offrait pas assez de garantie pour le maintien du secret, qui fait souvent tout le succès d’une entreprise. Soit par la force de ses conjectures, soit par des avis plus positifs, le gouvernement anglais prit les mesures les mieux appliquées au péril qui le menacait. L’amiral Jervis détacha de sa flotte quatorze vaisseaux, qu’il confia au brave Nelson, qui avait eu depuis long-temps une grande part aux plus brillans succès de la marine anglaise. L'activité et l’audace avec lesquelles il chercha la Îlotte francaise furent telles, qu’il était arrivé avant elle à la vue de l'Egypte. L'expédition de Malte, et le retard qu’elle avait occasionné, dérangea ses calculs. Il dirigea sa route vers le nord-est. Quelques personnes ont cru qu’il s'était éloigné à dessein; qu’il s'était bien gardé de s'opposer au débarquement, dans l'espoir de combattre ensuite avec plus d’avantage Ja flotte française. Le caractère confiant et impétueux de ce célèbre marin, le grand intérêt qu'avait l’'Angleterre à prévenir une conquête si importante et à causer le désastre de la plus belle armée de France , réfutent cette supposition. Le 12 messidor , la flotte était devant Alexandrie. Le lendemain, le consul de France en cette ville arrive à bord du vaisseau amiral. Il ne s’est échappé qu’avec peine. La vue de la flotte anglaise a déjà mis tous les esprits en mouvement. Les habitans sont résolus à se défendre. Tous les chrétiens sont menacés d’être égorgés ; il n’y a pas un instant à perdre. Bonaparte ordonne le débarquement ; il en indique le point au Marabou. La mer est agitée, la