Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

EXECUTIF. 5of

Le 18 prairial{ 8 juin), une partie dé cet immense armement parut devant Malte. Le 21, Bonaparte fit demander au grand-maître de recevoir dans le port l’armée navale française. Une invasion aussi brusque et aussi formidable n'avait point été prévue. On cherchait à gagner du temps; Bonaparte n’en accordait point. La terreur était la même dans cette île que si elle n’eût pas été défendue par toutes les fortifications de l’art et de la nature; que si elle n’eüt pas eu près de sept mille hommes et une nombreuse artillerie à opposer à l’attaque des Français ; enfin que si elle n’eût eu aucun souvenir du siége soutenu sous le grandmaître Jean de Lavalette, contre toutes les forces du victorieux Soliman. Bonaparte reconnut, à différens signes, la terreur, le découragement, et sur-tout l’anarchiequi régnaient parmi les chevaliers. Il en profita. Le 22, l’armée française prit terre sur huit points différens , et n’éprouvaqu’une faible résistance. Un régiment de milice fut désarmé par cent Français ; un autre chassé jusque dans la ville. Le général Vaubois marcha sur la cité vieille avec une colonne ; on lui ouvrit les portes à la première sommation. La confusion s’accroissait entre les chevaliers ; ils s’accusaient réciproquement ; ils accusaient sur-tout le grand-maître de l’ordre , Ferdinand Hompesch. Le peuple et les milices faisaient entendre le cri de trahison , presque toujours aussi funeste qu’une trahison réelle. Tout annoncait que la domination des chevaliers commencçait à leur peser, et que les principes de la révolution française avaient pénétré sur ces rochers. Les forces étaient disséminées dans un grand nombre de forts; ils furent presque tous emportés par les Français ,: qui s’étonnaient d’éprouver si peu de résistance dans cet antique et noble asile du courage. Il ne restait plus que la ville à assiéger. Bonaparte menaçait de la bombarder. Les chevaliers négocièrent. Le 23, il fut convenu que Bonaparte entrerait dans la ville, et sa flotte dans le port. La capitulation lui livra une des places les plus importantes de la Méditerranée, un très-beau port , deux vaisseaux de ligne , une frégate, trois galères, trente mille fusils, des approvisionnemens considérables, et le trésor de l’ordre, qui é’élevait à trois milions de francs. Le vainqueur ne s’engagea qu’à procurer au grandmaître une souveraineté en Allemagne , qui deviendrait le ‘chef-lieu de lordre ; il lui assurait , en attendant, une pension de cent mille écus. Il lui donnait six cents mille francs comptant. Il garantissait aux chevaliers français reçus avant 1792 la faculté de rentrer dans leur patrie, sept cents li vres de pension, et mille livres aux sexagénaires. Cette expédition , où la fortune seconda d’une manière si étonnagie

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