Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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poursuivre. Bonaparte marcha contre Ibrahim-Bey, qui fuyait vers l'Egypte. Son avant-garde l’atteignit à Saléhié. Deux cents hommes de cavalerie assez mal montés s'engagèrent avee impétuosité dans les rangs des Mameloucks, cinq fois supé rieurs en nombre, y portèrent le désordre. Ibrahim-Bey se trouva heureux de sauver ses équipages, dans lesquels étaient ses femmes, celles de ses Mameloucks, et ses trésors. On nomme parmi les officiers qui conduisirent deux cents braves à cet exploit, le chef de brigade Destrées , l’adjadant-général Leture, les aides-de-camp Duroc et Sulkowski , et ladjudant Arrighi. Rosette et Damiette furent bientôt emportées ; tout le Delta fut soumis.

Bonaparte revenait vainqueur de cette expédition, lorsqu’il apprit le désastre de la flotte française, qui allait pour long-temps l’enfermer dans sa nouvelle conquête. Instruit que l'amiral Brueys s'était embossé dans la rade d’Aboukir , il en avait concu une vive inquiétude. Le 9 thermidor , il lui avait mandé , en termes exprès , qu’il ne devait pas perdre une heure pour entrer à Alexandrie et se rendre à Corfou. L’amiral Brueys fut retenu , soit par la crainte de rencontrer l’escadre anglaise , soit par une funeste sécurité sur sa position dans la baie d’Aboukir. Nelson se présenta de nouveau sur les côtes de l'Egypte, le 13 thermidor. L’amiral Brueys avait embossé ses treize vaisseaux sur une ligne à deux tiers de câble les uns des autres. Il couvrait l'embouchure du Nil auprès de Rosette. Ses flancs étaient garnis de chaloupes canonnières. Une petite île sur le côté gauche de l’armée portait une batterie de ca= nons et de mortiers qui enfilait toute la ligne , mais l'amiral avait négligé des’assurer si les Anglais pouvaient passer entre Ja tête de la ligne et la terre.

Le combat commenca le 14 thermidor à cinq heures et demie du soir. Les Français avaient treize vaisseaux rangés dans cet ordre, {e Guerrier, le Conquérant , l’Aquilon, le Spartiate, le Peuple souverain, le Francktin, l'Orient, le Tonnant, lHeureux, le Mercure, le Timoléon, le Guillaume-Tell et Ze Généreux. Les Anglais avaient quatorze ‘vaisseaux. Nelson, parfaitement instruit de la faute qu'avait faite Brueys de laisser un passage entre l’île et les bancs etson vaisseau de Tel!, défilant devant la ligne française, alla passer entre l’île et le premier vaisseau de l'avant-garde, conduit dans sa marche par une berme du pays qui lui indiquait la route qu’il devait tenir. De cette manière, sept vaisseaux passèrent sans que les Français tirassent un seul coup de canon , entre l’escadre française et la terre. L'un d’eux, /e Léander, coupant les Français par derrière, s'était placé en travers entre le Tonnant et l'Orient, que, par ce moyen, il enfilait dans toute sa longueur.