Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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rissante. Il s'attache à gagner le cœur de ces différens peuples dont se compose la population de l'Egypte. Il défend leurs propriétés, ou plutôt il leur apprend qu’on peut en avoir d'inviolables. Il modère les tributs en les régularisant. Il veille sur leurs moissons , et sur le Nil qui les leur donne. Il entreprend deréparer un grand monument de l’activité des Arabes, le canal d'Amrou. Il enrichit le pays de tous les arts de l'Europe; l'Egypte va recevoir à son tour les arts que jadis son génie inventeur a communiqués aux nations. Tout ce qui concerne l’agriculture obtient le premier rang dans ces travaux, auxquels concourent plusieurs savans distingués. On s'occupe à-la-fois des recherches de la plus hauie antiquité, et des moyens de rappeler l'Egypte à la civilisation. Le général Andréossi recoit l’ordre de soumettre le lac Menzaleth et les bouches pélusiaques, et d’en faire la reconnaissance. Il s’en acquitte d’une manière distinguée, sous le raport militaire et sous celui dessciences. Monge , Bertholet, Lefebvre, Malais, Nouet, Méchain, Gonté, Costas, Fournier, Denon, plusieurs autres savans et artistes, suivent avec constance et souvent avec intrépidité des travaux qui ont le double but d'enrichir l'Egypte et le monde savant. Le général ne cesse de tenir les peuples de cette contrée subjugués par l'admiration de ses exploits et des merveilles qu'il offre à leurs yeux. Il les éclaire en se prêtant à leurs préjugés. IL se montre plein de respect pour leur religion. Il ne réprime dans leurs mœurs et leurs habitudes que ce qui rappelle l'anarchie civile, le brigandage militaire dont ils se sont habitués à être les instrumens et la proie. Les métaphores, les hyperboles orientales deviennent la langue avec laquelle il traduit et fait traduire pour eux une instruction toute nouvelle. Un long calme avait paru lui répondie de la soumission des chérifs et des imans. Îl eut pourtant à calmer une sédition dont quelques-uns d’entre eux avaient été les instigateurs. Elle éclata dans la ville du Caire, au mois d'octobre 1795 , lorsque le général se disposait à faire une expédition en Syrie, dont il me reste à rendre compte. Des rassemblemens se formèrent dans plusieurs quartiers de la ville, et sur-tout à la grande mosquée. Le général Dupuy; commandant de la place, est assassiné avec plusieurs dragons qui faisaient son escorte. La sédition devient générale, partout les Français sont égorgés. Les Arabes se montrent aux portes de la ville. Les soldats, qui se rallient au bruit de la générale, marchent avec plusieurs pièces de canon contre les rebelles, qui se retranchent dans leurs mosquées, et qui osent y soutenir un siége de quelques heures. L’artillerie les y foudroie. La grande mosquée est incendiée. Les séditieux posent enfin les armes; ils implorent la clémence