Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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extravagantes. On se disait confidentiellement que tel ou tel général adhérait à cette ligue, et s’en déclarerait le chef dans une occasion importante. Sur-tout on paraissait se promettre les secours du général Joubert. La consternation fut extrême lorsqu'on apprit que ce jeune héros avait péri dans une bataille, que peut-être l’ardeur d’exécuter de grands projets lui avait fait précipiter.

Le directeur Sieyes n’avait qu’un seul moyen de manifester son opposition contre les jacobins. Il était président du directoire. Chaque fois qu’en cette qualité il avait à parler au nom du gouvernement, il prêtait à tous ses collégues les propres sentimens dont il était animé contre les promoteurs de l’anarchie. Ses discours étaient véhémens, et, quoiqu'ils ne fussent suivis d'aucune résolution, ils supposaient toujours en lui la faculté d’en prendre une décisive.

Le nouveau ministre de la police, Fouché, le seconda beaucoup mieux que les directeurs, ses collégues. Il osa faire fermer le club des jacobins, qui avait été transféré de la salle du Manége à la rue du Bac. Il avait à craindre d’être désavoué par le directoire et par le conseil des cinq-cents, dont la plupart des chefs avaient fait une intime alliance avec les jacobins. Il prit cette mesure avec une telle vivacité, qu’on le crut puissant, en le voyant confiant et courageux. Les directeurs, après le succès, lui pardonnèrent de leur avoir offert les moyens de n'être plus esclaves d’un parti. On déclama contre lui au conseil des cinq-cents, mais on n’osa le condamner dans le jour même; et le lendemain, il fit prendre une plus haute opinion des ressources qu’il s’était assurées pour soutenir une mesure aussi ferme.

La constitution n'avait plus qu’un seul de ses ressorts qui eût conservé de l’énergie et de la régularité : c’était le conseil des anciens. Les plus distingués de ses membres exprimaient une profonde aversion pour les remèdes violens et sanguinaires qu'on voulait appliquer aux maux de la patrie, et ils en avaient fait rejeter plusieurs. Cependant leurs efforts et ceux de plusieurs orateurs du conseil des cinq-cents ne purent empêcher deux lois qui avaient une sinistre analogie avec les mesures révolutionnaires les plus détestées ; l'une était la loi des otages, et l’autre un emprunt forcé et progressif, La guerre civile, qui s’annonçait dans plusieurs départemens, et qui se faisait craindre dans beaucoup d’autres, la détresse du tré sor public, avaient appelé ces deux lois, dont l'effet était d’aggraver l’un et l’autre de ces fléaux. Je vais indiquer , dans un tableau rapide, ce que la France avait à craindre de ces provinces révoltées. .

La Vendée n’offrait plus que des champs rayagés, que des