Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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bourgades désertes , des moulins et des fermes incendiés. Cependant tout ce qui reéspirait sur ces monceaux de ruines ne vivait plus que pour la haîne et la vengeance. Le général Hoche avait pu seul calmer ces malheureux habitans; mais on s'était bien écarté de la modération et de la tolérance dont il avait donné l'exemple. Les prêtres tenaient en armes ces dé serts, afin de ne point aller expirer dans ceux de la Guyane. Tout retracait la mort dans ces lieux, et tout la faisait braver, Quelques chefs des Vendéens avaient survécu. Ils héritaient de toute l'affection et de toutle dévouement qu’avaient inspiré Lescure, Laroche-Jacquelin, Charrette et Stofilet. Les efforts de leurs petites armées pouvaient bien alarmer quelques villes Voisines, mais non porter des coups dont le centre de la république eût à s'inquiéter. Ils ne différaient plus, que par quelques nuances de courage et de discipline, des chouans, qui ravageaient les départemens voisins. De l'impuissance d'organiser des armés royales dignes d’affronter les détachemens des armées républicaines, était résulté un système qui subtituait à la guerre civile un mal encore plus funeste et plus odieux. Les villages, les villes et les châteaux se liguaient pour s’entr’aider dans Je brigandage. Les chouans se formaient en troupes sous des chefs subordonnés entre eux sils quittaient les armes à l'approche d’un corps nombreux de républicains ; ils commandaient le silence ; Sous peine d’un supplice inévitable, à tous ceux qui auraient pu les déceler ; ils s’avertissaient par différens signaux, des troupes qu’il fallait éviter et de celles qu’on pouvait surprendre. Dans leurs travaux champêtres, ils ne perdaïent pas l’occasion d’un meurtre, si un soldat républicain s’offrait à leurs regards, Ils portaient Le fusil en conduisant la charrue, et souvent ils arrosaient de sang le sillon qu'ils creusaient. C'était sur-tout contres les prêtres assermentés et contre les acquéreurs des domaines nationaux qu’ils employaient tous les raffinemens de la barbarie. Ils surprenaient rarement une ville sans ranconner ses habitans. Ils égorgeaient tous ceux qui étaient désignés à leur haîne. Ils connaissaient, par le moyen d’agens qu’ils soudoyaient dans la capitale, les sommes qu’attendait ou qu’envoyait le trésor public. Ils sortaient en armes d’une forêt où d’un château pour attaquer le courrier ou la voiture publique qui portait ces sommes. Ils crurent ennoblir le vol par quelques formes de politesse et d’humanité envers les voyageurs, lorsque rien ne montrait en eux des ennemis. Ils formaient d’une partie de ces dépouilles ce qu’on appelait Ze érésor des princes. Ts attiraient à cette indigne association des hommes qui eussént rougi d'y entrer au nom de la cupidité, et qui s’y précipitaient au nom de la ven-