Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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eance : tel était ce plan formidable qui justifiait, appelait et payaït tous les crimes. Une partie des campagnes de la Normandie, toutes celles de la Bretagne, de l’Anjou, du Maine et du Poitou, avaient recu cette organisation anti-sociale. Des désordres du même genre commencaient à éclater dans la Touraine et dans le pays chartrain. Tout était perdu, le mal dans ses progrès violens et rapides n’eût plus permis de remède , si la chaîne des pays révoltés se fût étendue jusqu'aux provinces méridionales, et sur-tout jusqu’au Languedoc, qui commençait à être agité par des chefs aussi entreprenans, mais moins habiles. Toulouse recevait des alarmes d’un rassemblement nombreux. Les Cévennes cachaient des révoltés déjà vaincus dans plusieurs rencontres, et dunt le désespoir était aggravé par une longue misère. Mais parmi les royalistes armés plusieurs cherchaient en vain quel profit leur cause pourrait tirer d’un tel brigandage. Puisaye, l’auteur de ce plan, eût voulu donner à ces bandes effrénées quelque apparence d’une armée régulière et d’un parti que des sentimens généreux enflamment. Il croyait qu’un prince de la maison de Bourbon pouvait seul substituer à ce fanatisme grossier Île mobile de l'honneur. Il appelait, par les interpellations les plus vives et les plus répétées, le comte d'Artois, qui, chargé par PAngle -rre des détails de cetteligue, enétaitle chefsecret. Avant Puisaye, et dans un temps où le parti vendéen avait perdu beaucoup de sa puissance, mais où il avait conservé quelque gloire , Charrette avait pensé que si le comte d'Artois paraissait à la tête de ce parti, il lui donnerait une plus grande importance et une impulsion plus décisive. Ce prince avait paru céder au vœu des royalistes, toujours prêts à mourir

our sa cause. L'Angleterre avait fait les frais d’une nouvelle descente. Le comte d'Artois avait débarqué avec un corps de troupes à l’Isle:Dieu, et dans cette proximité de la Vendée, le ministère anglais le condamna à l'inaction , comme s’il en eût été séparé par un long trajet de mer. Il retourna en An gleterre , et Charrette, après avoir exhalé son indignation contre cette inaction méditée, n'eut plus qu’à chercher la mort. Puisaye ne fut pas plus heureux dans ses nouvelles instances; les mêmes entraves qui avaient fait échouer l’exécution des précédens projets subsistant toujours , il ne fut pas écouté ; il se retira dans le Canada. Un autre chef, d’un courage plus brillant, mais d’une politique moins habile, Frotté, lui succéda dans le commandement de la Bretagne. Il avait parmi ses lieutenans George Cadoudal. Ges chouans semblaient un peuple descendu des Flibustiers. Ils se lassaient des petites entreprises où leur bravoure n'avait rencontré que des triomphes obscurs. Ils voyaient accourir à eux des