Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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tinée voulut qu’ils ne le devinssént point. Ils arrivaient à Saint-Cloud préparés à la plus vive opposition, maisils n’en avaient pas combiné les moyens. Ils n'étaient qu’en petit nombre au conseil des anciens, ils avaient eu le plus souvent la majorité au conseil des cinq-cents.

À peineils sont réunis dans cette dernière assemblée , qu’une sourde fermentation vient inquiéter les députés qui se sont ligués pour remplacer une autorité chancelante par un grand pouvoir. L’un d'eux, Emile Gaudin , prononce un discours dans lequel il se montre comme oppressé du poids d’un grand secret qu’il voudrait laisser deviner , et dont il n’ose achever * la révélation. Il parle des dangers de la patrie, de la gloire de Bonaparte. 11 demande la formation d’une commission char gée de présenter des mesures extraordinaires.Tandis qu’il parlait, les députés irrités se regardaient, s’interrogeaient , travaillaient pour sé donner de l’audace. La continuité , la progression des murmures forme bientôt un murmure épouvantable. On n’entend que ces cris, à bas les dictateurs , la constilution ou la mort ! On traverse la salle, on assiége la tribune et le fauteuil du président. On propose de demander compte au conseil des anciens de la mesure qu'il a prise. On annonce par mille cris qu’il faut sauver la constitution et braver tous les dangers par un calme héroïque. Une aveugle fureur prive à-la-fois les opposans de la force d’action et de la force d’inertie. Enfin on propose un serment de fidélité à la constitution, et deux heures d’un appel nominal , deux heures dont les anciens révolutionnaires eussent autrement calculé le prix, sont consacrées , de la part des amis d’une autre constitution don née dans l'anarchie de 93, à s'imposer et à imposer à leurs adversaires un parjure devenu trop commun. Quand cette formalité fut remplie , les opposans se trouvèrent dans une complète stérilité de ressources pour donner des suites à ce qu’ils regardaient commeune victoire importante.La démission de Barras fut annoncée dans ce moment. Elle était exprimée dans des termes où il était aisé de faire remarquer de l’ambiguité. Flle donna lieu de mettre en question si le directoire existait ou n’existait pas. On voulait faire une loi aux directeurs dé retourner à leur poste. Au milieu de plusieurs propositions vagues, on s’entretenait dans un état toujours croissant d’agitation, en attendant presque du hasard les résultats qu’un tel trouble devait amener. ,

Cependant le secret du jour venait enfin d’être révélé au conseil des anciens. Bonaparte yÿ avait annoncé la fin de la constitution. Avant l’arrivée du général , ce conseil s’était montré plus faiblement ému, mais presque aussi indécis que celui des einq-cents. Là il y avait moins de passions à com

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