Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

APPENDICE.

Nous venons de voir représenter le grand drame de la révolution française, que l’on pourrait comparer aux pièces monstrueuses de Shakespear. Des deux côtés c’est un mélange . d’atrocités , de traits sublimes et de petitesses ridicules. Mais à travers tout cela, que de grandes lecons pour les gouvernans et pour les peuples! Que de sujets de méditation pour l’homme d'état, le philosophe et l’homme du monde luimême ! Les événemens qui suivent , ne sont pas moins dignes de notre attention et n’ont pas eu moins d'influence sur le sort de l’Europe. Esquisser , en courant, cette intéressante époque, ce serait manquer à la majesté de l’histoire et s’écarter du but d'utilité qu'elle doit toujours avoir en vue. Aussi ne prétendons-nous point la renfermer dans ce précis, qui ne doit être considéré que comme le vestibule d’un plus grand édifice. C’est en quelque sorte l'introduction d’un ouvrage que nous nous proposons de publier sur nos derniers temps, et qui paraîtra incessamment sous ce titre : La France depuis le 18 brumaire an 8, jusqu'à la seconde abdication de Napoléon. La révolution que l’on appelle la journée des dupes , parce qu’elle trompa tous les calculs de celui qui en avait été le rincipal moteur et le replongea dans l'obscurité, prépara la dictature dont Bonaparte allait être investi. Les révolutions se font rarement au profit de ceux qui les entreprennent. Sans vouloir rien ôter à la gloire de Fillustre parvenu, qui eut tout-à-coup dans la main les destinées de la France, on peut croire qu'il fut entraîné jusqu’au pouvoir par la force des circonstances, et que malgré son ambition constante, il nes'était pas promis une pareille élévation. Un gouvernement provisoire dont on avait emprunté aux Romains les titres honorifiques, s’éleva à la hâte sur les ruines du directoire. Sieyes , Roger-Ducos et le général Bonaparte, furent revêtus de la dignité de consuls, en attendant qu’une nouvelle charte eût remplacé celle de l'an 3. Les premiers pas de ce consulat provisoire se dirigèrent vers des améliorations utiles et qui avaient été vainement réclamées. Le ministère fut reformé et confié à des hommes qui, bien qu’amis de la révolution, n’en avaient point partagé les fureurs. Les déportés de fructidor furent rappelés, et l’on raya de la liste des émigrés ceux qui avaient quittéleur patrie, non pour combattre contre elle, mais pour se dérober à une mort dont la menace les poursuivait encore sur des bords étrangers. Les prêtres insermentés re-