Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

20 APPENDICE.

» de n’avoir pas assez fait pour vivre dans la postérité, » Sa mort fut le prix de la victoire. Le même jour, au milieu des sables de PAfrique , le poignard d’un assassin délivrait Bopaparte d’un autre rival de gloire. En quittant PEgypte , il avait laissé le commandement à Kléber. Celui-ci ; COnVaincu de l'impossibilité de conserver ce pays après la destruction de la marine française dans la Méditerranée , et croyant rendre à la France une armée qui, malgré ses pertes , pouvait la servir utilement, conclut avec la Porte la convention d’El-Arisch, par laquelle il s’obligeait à évacuer l’Egypte ; mais le cabinet de Londres , avec cette foi punique qu’on lui connaît, refusa de ratifier la convention ; une escadre anglaise vint bloquer Kléber, et l'amiral Keith exigea que l’armée française se rendit prisonnière de guerre, en abandonnant armes et munitions. Le général indigné rompt l'armistice, bat le grand-visir dans la plaine d’Héliopolis et n’est arrêté dans sa marche triomphante, qu’en tombant sous le poignard d’un Alépin nommé Suleyman. Après lui, le commandement en chef parvint, par rang d’ancienneté, au général Menou.Ce dernier n’était pas fait pour succéder au grand homme que la trahison venait d’enlever , sur-tout dans les conjonctures difficiles où se trouvait l'Egypte. Deux mois après, à la suite de revers qui laissèrent intacte la gloire des armes françaises , cette contrée fut abandonnée aux Anglais et aux Turcs; il ne rentra en France que quelques faibles débris; mais le dernier soldat de cette armée était digne de commander ailleurs.

Tandis que Bonaparte semblait fixer la victoire en Italie, Moreau la forçait à se partager et à lui être favorable en Allemagne. C’est dans cette campagne que fut tué un des derniers descendans du maréchal de Turenne , le brave Latour d'Auvergne, auquel Bonaparte avait donné le brevet de premier grenadier de France, et qui, joignant l’amour des lettres à celui des armes, écrivit plusieurs ouvrages estimés, parmi lesquels on distingue les Origines gauloises.

Dans les derniers mois de l’année 1800 , le gouvernement français publia une correspondance découverte, disait-il, à Paris, entre le ministère anglais et les agens qu’il entretenait en France; elle renfermait, entre autres pièces, un plan de contrepolice pour instruire les émigrés et les chouans des mesures que l’on prenait contre eux, et favoriser le retour de l’ancien ordre de choses. Les rapports officiels peignaient le comité comme réduit à chercher une ressource dans le pillage des diligences. D’un autre côté les deux partis extrêmes des royalistes et des révolutionnaires tentaient des entreprises non moins criminelles; l’un de