Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

APPENDICE. ab

ces crimes fut préparé par les jacobins, lautre par les chouans, si les uns et les autres, observe un historien judicieux, ne fournirent pas de complices aux deux attentats. Le premier devait être exécuté le 10 octobre, jour de la première représentation des Horaces ; mais cette conspiration, qui n’était point chimérique, comme on l'a dit depuis en haîne de Bonaparte, avait d’ailleurs tant de confidens, ‘sur-tout parmi les agens de la police, qu'il fut aisé de la faire avorter. On en arrêta les chefs désignés, Arena, TopinoLebrun, peintre, Diana, Ceraci, sculpteur romain et Demerville, secrétaire de Barrère.

La seconde tentative d’assassinat envers le premier consul, avait quelque chose de plus odieux , de plus infernal. Le génie des conspirations paraissait y avoir présidé. On a comparé la machine dirigée par Saint-Régent et Carbon , à celle qu'inventa Fréderic Jambelli, pour défendre Anvers, assiégée par le duc de Parme; nous n'examinerons point à qui appartiennent les honneurs de l'invention, il nous suffira de dire que le 24 décembre 1800, un tonneau rempli de poudre, de balles et d'artifices, et garni de cercles de fer, sauta au coin de la rue Saint-Nicaise à Paris, au moment où Bonaparte passait pour aller entendre, à l'Opéra, loratorio d'Haydn, connu sous le titre de la Création du monde. On ne conçoit pas comment il échappa à cette effroyable explosion que sa voiture ne devança que de quelques secondes. Ce complot fut d’abord attribué généralement aux jacobins. Bonaparte lui-même adopta cette opinion. Les véritables coupables s’applaudissaient de l'erreur du gouvernement; mais comme ils craignaient l’active pénétration du ministre de la police, Fouché, ils employèrent toutes les ressources de l'intrigue pour le perdre. On répétait qu'il était impossible qu’il n'eût pas eu connaïssance de cet attentat, et que ses anciennes liaisons avec les conjurés l'avaient seules empêché de le découvrir. Le rapport de ce ministre déjoua ces manœuvres perfides. « Au premier instant du crime, » disait-il, un seul soupcon se fit entendre, une haîne pu» blique et méritée en accusa les mêmes hommes qui ve» naient de conspirer contre le premier consul. La police » eut d’autres soupcons, parce qu’elle avait d’autres indix cations.» Carbon et Saint-Régent furent condamnés à la peine de mort.

Cet esprit de faction ne détourna point le gouvernement des grands intérêts administratifs; on s’occupa de la rédaction d’un nouveau code civil, de l’organisation forestière, du rétablissement des routes et canaux, etde l'instruction publique, et afin de protéger le commerce, on fit un traité

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