Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

248 APPENDICE.

gouverner, s'occupait de l’intérieur de son empire. Une mesure aussi noble qu’adroite obligea les juifs à cesser de se tenir dans une sorte de séparation du reste de l’état. Enfin le 12 juillet de cette même année 1806 , il se fit proclamer protecteur des états d’Allemagne , unis sous le titre de Confédération du Rhin. Cette dernière secousse donnée aux anciens trônes, décida le ministère faible et irrésolu du roi de Prusse. Le 1er octobre, ce prince rompit avec la France , et dès le 14, la seule bataille d’Jena sembla l’avoir rayé de la liste des puissances.

La Saxe cependant se livrait au vainqueur, et son souverain obtenait le titre de roi. Les Russes, accourus à marche forcée au secours des Prussiens, ne furent pas plus heureux que leurs alliés. Ils furent défaitscomplétementdansles champsd'Eylau, d'Elbing et de Friedland. Ges exploits auxquels il est dificile de trouver des sujets de comparaison dans les siècles passés , doivent défendre la gloire de Napoléon contre ceux qui, lui faisant un plus grand crime de son malheur que de son despotisme, osent lui refuser le génie qui fait les héros et élèvent même des doutes aussi absurdes qu’injurieux, sur son cou rage personnel. Dantzig avait aussi suecombé! La paix de Tilsitt accordée à l'Europe, le 8 juillet 1807, ne laissaau roi de Prusse qu’un rang très-secondaire parmi les souverains : l’héritier du grand Fréderic était en quelque sorte redevenu sim ple marquis de Brandebourg, pendant qu’une partie de ses étais formait pour Jérôme Bonaparte, le royaume de Westphalie, et que le duché de Varsovie était donné au roi de Saxe.

Avec une telle puissance, Napoléon pouvait-il reconnaître des bornes à sa volonté? L'empire conservait encore quelques formes républicaines. Le tribunat, dont les discussions étaient publiques et avaient même une certaine ‘indépendance, tenait lieu de représentation nationale. Ce fantôme de république fatiguait le monarque d’un jour. Le sénat fut chargé de prouver, pour la forme, que le tribunat était inutile sous la constitution impériale, et le tribunat fut supprimé. Au mois de janvier 1808, Napoléon sollicita le pape d’entrer dans une ligue offensive et défensive, dontlebutétait, disait-il, de garantir l'Italie de toute invasion étrangère. Soit que le pape eut eu le courage derésister seul à cecolosse, soit que cette proposition ne fut qu'un prétexte pour le dépouiller, le domaine de St-Pierre fut réuni au royaume d’ltalie. Vers le même temps l’empereur créait la noblesse impériale et.se mettait en possession de la Toscane, déjà érigée en royaume d’Etrurie et où il avait d’abord établi pour roi, un prince espagnol; ce ne fut pas le dernier coup qu’il porta à la maison d'Espagne. La division ayant éclaté entre le roi Charles IV et son fils, le