Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
INTRODUCTION. 24
dans le silence, concertée entre le roi et les grands, qui se réunissaient pour donner plus de force à la puissance royale , ‘et plus de liberté au peuple. La Pologne se trouvait dégagée, par la constitution nouvelle, des deux institutions qui avaient rendu si long-temps son gouvernement anarchique, c’est-à-dire lélectivité de la couronne et le /iberum veto. Le trône élait déclaré héréditaire; la bourgeoisie était admise à tous les emplois ; un système d'affranchissement était préparé de manière à tendre, par des degrés insensibles et nécessaires, à une abolition graduelle de la servitude. La constitution du 4 mai 1591 renfermait un grand nombre de dispositions qui fondaient son système représentatif sur des bases plus analogues à la constitution d'Angleterre qu’à celle de France. Le jour où cet acte mémorable parut, fut un jour d’allégresse pour la nation : on ne cessait d’admirer la générosité des grands qui sacrifiaient au repos et à la liberté de leur patrie beaucoup de droits et de priviléges; le peuple couvrait de bénédictions son roi , qui n'avait jamais montré plus d’éloquence, plus d’affabilité; on ne s’abordait qu’en versant des larmes de joie, et cependant le tombeau de la Pologne s’ouvrait.
Cette réforme excita un mécontentement secret et profond dans la plupart des cabinets d'Europe. Ils apprenaient, par cet exemple, que ce n’était point en vain que les révolutionnaires français s'étaient flaités d'étendre au loin leurs principes. Cependant le roi de Prusse témoigna, en termes peu équivoques, sa satisfaction de l’heureux changement opéré chez ses voisins. Peut-être était-il perfide dans ses premières protestations ; peut-être s’applaudissait-il de pouvoir substituer son ascendant à celui de l’impératrice de Russie dans les affaires de la Pologne. Dès que les mécontens qu'avait faits la constitution du 5 mai 1991 se crurent assurés d’une puissante protection, ils éclatèrent. Félix Potoki se mit à leur tête. Ils se réunirent à Turgowitz, et à ils formèrent une ligue où il n’entra qu’un petit nombre de leurs, compatriotes. et qui ne devait tirer sa force que des armes étrangères. Catherine II paraissait alors être livrée à la défiance et à la froide circonspection de la vieillesse. Ses projets ambitieux n’avaient pas eu le succès qu’elle en avait attendu; elle venait de faire des sacrifices trop dispendieux et trop vains à l'espoir de fonder un nouvel empire d'Orient. La dernière paix l’éloignait du chemin de Constantinople , qu’elle avait cru ouvert devant ses armes victorieuses. Elle adoucissait son chagrin par des artifices politiques, Toutes les déclarations des gouvernemens eurepéens contre la révolution francaise étaient froides auprès