Projet d'une loi : portant défense d'apprendere à lire aux femmes
ne XI —
la littérature vont s'agiter à la promulgation de la présente loi. On prononcera malédiction sur le législateur indiscret et téméraire. Déjà en butte aux prêtres, comment n'a-t-il pas craint de leur donner les femmes de lettres pour auxiliaires? La coalition des femmes de lettres et des prêtres est une rude chose; mais que pourra-t-elle si les bons esprits, si les têtes saines opposent leur égide , et placent cette loi sous le bouclier
de la raison ?
Les bonnes mères de famille, les excellentes femmes de ménage, les épouses sensibles, les jeunes filles naïves et toutes naturelles, vengées enfin du méprisant abandon où on les reléguait, sauront peut-être quelque gré au rédacteur de cette loi, et rendront justice à la pureté
de ses intentions.
Nous ne sommes point dupes (s'écrieront quelques flatteurs des femmes) des ménagements qu'on prend ici pour faire entendre que les deux sexes ne doivent pas être rangés précisément sur la même ligne dans la grande échelle des êtres, et qu'il faut placer un sexe
au-dessous de l'autre.