Rapport sur les Dommages de Guerre causés à la Serbie et au Monténégro présenté à la Commission des Réparations des Dommages

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Les pertes de la Serbie en hommes étaient donc encore de ce chef démesurément grandes.

V. Catastrophe due au manque de personnel et de matériel sanitaires.

N'ayant pas de faculté de médecine, la Serbie a toujours manqué de médecins. Deux épidémies de choléra survenues pendant les guerres balkaniques avaient déjà bien réduit leur nombre. Et c'est dans ces conditions que la Serbie s'est trouvée au moment de l'attaque austro-hongroise. Sans matériel sanitaire qui ne pouvait pas être complété de sitôt, vu la nécessité et l'urgence d’avoir du matériel de guerre proprement dit, la mortalité des blessés devenait très forte. La situation devint extrêmement grave lorsque pendant l'hiver de 1914 trois maladies contagieuses, apportées par les soldats austro-hongrois contaminés au contact des prisonniers russes, furent apportées en Serbie. L'apparition du typhus intestinal, du typhus exanthématique et de la fièvre récurrente, fut une véritable catastrophe pour la Serbie. Le typhus exanthématique, la vraie peste de la guerre moderne, a tellement fait de victimes parmi les militaires et le reste de la population, qu'il semblait à un moment donné que le pays était menacé d’extermination. Le cri de détresse poussé par les Serbes fut heureusement entendu, et tous les peuples du globe accoururent pour les aider en apportant du matériel sanitaire et en leur envoyant des médecins. Les distances, hélas! étaient grandes et les communications difficiles. Les secours mirent donc du temps à parvenir sur place; dès leur arrivée ils rendirent de signalés services, chèrement acquis au prix des pertes subies par ceux qui étaient ainsi généreusement accourus à notre secours: plus de la moitié d’entre eux tomba, victime de la terrible maladie. Grand est le nombre de médecins et d’infirmiers de tous les pays civilisés que recouvre la terre du pays martyr!

Selon la statistique de 1915, 350.000 civils ont été fauchés par cette épidémie. Si l’on ajoute à ce nombre celui des victimes militaires, on verra que ces maladies ont emporté 10 % de toute la population serbe.