Rapport sur les Dommages de Guerre causés à la Serbie et au Monténégro présenté à la Commission des Réparations des Dommages

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VII. Les dommages provenant des combats qui eurent lieu

_sur le territoire serbe.

Le quartier général serbe considérait la défensive comme le but essentiel de ses opérations. La tentative d’une offensive contre un ennemi 10 fois plus fort a été payée cher, car les moyens dont l’armée serbe disposait, n'étaient pas suffisants pour conduire à bonne fin de telles opérations. — L’ennemi avait réussi au cours de l’année 1914 à envahir, à deux reprises, le territoire serbe. La première fois il réussit à pénétrer dans deux départements dont il fut chassé au prix d’une lutte désespérée qui dura une semaine. La deuxième fois c'est en plein cœur de la Serbie qu'il pénétra; chaque pouce de terrain lui fût âprement disputé et l’on peut dire que c'est alors qu'il subit son grand désastre. Lors de sa troisième invasion, dans laquelle - l'ennemi fut soutenu par la coopération des Bulgares qui s'étaient joints à lui, on ne combattit pas moins ardemment jusqu à la frontière albanaise. Le territoire tout entier de la Serbie était transformé en champ de bataille. 11 n’est pas nécessaire de dire quelles en ont été les suites. Les terrains qui servent de champ de bataille souffrent toujours le plus. La destruction, la détérioration, le pillage, le vol, l'assassinat, etc..., paraissent avoir été dans l’ordre des choses chez l'ennemi.

Les dommages provoqués par la nécessité de la préparation des batailles de l’offensive, de la défensive et de la contre-offensive en Serbie sont considérables.

Les suites malheureuses de ces invasions ont eu leur répercussion sur la population. L'histoire nous fournit peu d'exemples d’incessants mouvements comme ceux qui se sont produits en Serbie, durant cette guerre. Au commencement de la guerre les habitants des pays limitrophes de l’Autriche-Hongrie durent se retirer vers l’intérieur. Chaque avance de l'ennemi provoquait de nouveaux départs. Ces offensives ayant eu lieu en hiver ou en automne et l'évacuation de la population étant très difficile par suite du manque de moyens de communication, les pertes civiles furent également très fortes. On évalue à 15.000 le nombre des personnes qui périrent pendant les deux premiers exodes.