Rapport sur les Dommages de Guerre causés à la Serbie et au Monténégro présenté à la Commission des Réparations des Dommages

guerre. Quoiqu'elle ait été obligée d'importer même des produits ‘agricoles (sans parler des objets manufacturés), 300 millions sur les 600 millions d'emprunts de guerre sont restés dans le pays. Sur les autres 300 millions, 100 millions ont été employés à l’achat d'objets qui pouvaient servir utilement même après ja guerre, tels que automobiles, linges, vêtements militaires, ete... (Tous ces objets ont été détruits ou sont tombés entre les mains de l'ennemi après l’évacuation du pays). D'où il résulte que sur 600 millions d'emprunts de guerre la Serbie n'aurait vu sa fortune nationale diminuée que de 200 millions.

Après l'évacuation les choses ont changé du tout au tout. La Serbie s’est endettée depuis de 3 milliards. Bien entendu, tout revenu avait cessé par suite de l'occupation du pays et de l’exode d’une grande partie de la population, et toutes les dépenses, même celles qui, de par leur caractère, n'étaient pas des dépenses de guerre (si on peut parler de dépenses autres que de guerre, quand il s’agit d'un pays dont la population a été chassée de son territoire!) devaient être couvertes par des emprunts. L'Economie Nationale de la Serbie na profité en rien de ces 3 milliards. [ls représentent une perte sèche pour elle.

En évacuant le pays en 1915, l’armée serbe avait — conformément aux règles en usage — détruit pour plus d'un milliard de francs de biens. En retournant au pays à la fin de 1918, la seule chose qu’elle y a remporté avec elle, est une dette de plus de 3 milliards de francs.

Nous insistons sur le fait très important que tout pays occupé par l'ennemi subit un double esclavage économique de la part de l'étranger: d’abord en payant des impôts, des contributions et autres charges à l’ennemi, puis en dépensant à l'étranger les fonds empruntés à l'étranger. Les grandes dépenses financières de guerre

d:: gouvernement d’un pays envahi sont une perte sèche pour ce pays.

Les immenses besoins qu’exige la conduite d’une guerre moderne ont contraint les belligérants à activer la production de leurs pays respectifs dans toutes les directions. La production implique trois éléments: la nature, le travail et le capital. La nature en Europe n'est pas parcimonieuse, mais le travail et le capital y sont limités. Par la mobilisation volontaire, ainsi que par la mobilisation forcée, la quantité du travail a pu être augmentée, ce qui est certainement un grand avantage pour chaque pays. Quant au capital on se le procurait par