Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

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rateur et, s’il faut l’en croire, ses aspirations royalistes n’allaient trouver que trop d'occasions de s'exercer. À Brest, en effet, la conspiration contre la République était permanente. Les partisans de la royauté, pour la plupart émigrés rentrés, étaient nombreux. Ils avaient des ramifications jusque dans les états-majors de la flotte chargée de défendre les côtes de Bretagne. Leurs espérances étaient vues sans déplaisir par les officiers de l’escadre espagnole, qui, depuis la paix conclue entre la République et l'Espagne, était venue, sous le commandement de l'amiral Gravina, mouiller dans la rade de Brest et devait, le cas échéant, concourir à sa défense.

La rade était, à cette heure, bloquée par les Anglais. « Nous attendons avec impatience que les Anglais nous quittent, lit-on dans une lettre, pour faire passer nos convois pour Bordeaux, Nantes, Lorient et Quimper. » On comptait dans la baie de Douarnenez jusqu'à vingt-cinq vaisseaux britanniques. « Ils appareillent quand le temps est beau, ils y mouillent quand il est mauvais. Elle leur offre, en effet, un très bon mouillage. Vers le nord, ils y sont à l’abri des vents du nord-ouest; vers le sud, à l’abri de ceux du