Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

128 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

Le 22 germinal, Rivoire comparaissait devant la cour martiale, composée d’un président chargé d'interroger l'accusé et de prononcer la sentence,

-et d’un jury de sept membres : les lieutenants de vaisseau Lacarrière, Gonidec, Pégoing, Olivier, et les enseignes Guabès, Geslin et Hulin, auxquels il appartenait de dire si l'accusé était innocent ou coupable. Nous ne possédons pas les détails du procès. Le verdict seul nous est connu. Il est remarquable par sa bizarrerie. Il déclarait Rivoire convaincu des faits qui lui étaient imputés, mais «non criminel », ce qui entrainait l’acquittement, lequel fut aussitôt prononcé.

La colère que ressentit Bonaparte, au vu de ce verdict contradictoire, se trahit dans l'ordonnance consulaire par laquelle il y répondit. « Considérant que cette déclaration est en elle-même un acte de révolte contre la Constitution et une provocation à la rébellion, arrêtons ce qui suit. » Ce qui suivait, c'était l'ordre au ministre de la police de faire arrêter sur l'heure les membres du jury et de les faire conduire à Paris, « sous bonne et sûre escorte ». Le même jour, ils étaient destitués. Pour en finir avec eux, nous devons ajouter que l'affaire n’eut pas de suite judiciaire. La popu-