Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

134 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

Elle était dictée au gouvernement par la nécessité d'arrêter sans délai divers individus convaincus, sur la foi des dénonciations d’un de leurs complices, d’avoir ourdi un complot contre la vie du général Bonaparte, Premier Consul. Par une disposition complémentaire de ces graves mesures, défense était faite aux Parisiens de donner asile aux « assassins », sous peine de se rendre passibles des peines édictées par les lois contre les auteurs d’attentats à la sûreté publique.

Au moment-où renaissait ainsi, dans un but de conservation sociale, un régime de terreur, plusieurs des conspirateurs étaient déjà incarcérés, et, parmi eux, bien qu'il n’eut pris aucune part au complot, le général Moreau, le glorieux vainqueur de Hohenlinden, soupçonné alors d’avoir encouragé leurs projets. En revanche, le fameux chouan Georges Cadoudal et le général Pichegru, considérés par la police comme les metteurs en œuvre et les chefs de la conspiration, demeuraient introuvables, en dépit d'efforts multipliés pour s'emparer de leur personne. Leur arrestation devenait d'autant plus nécessaire que l'opinion, toujours frondeuse, trouvait dans les recherches infructueuses un prétexte à railleries.