Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LA MORT DE PICHEGRU. 135

La police pourtant ne se trompait pas en affirmänt que ces deux conspirateurs, récemment arrivés d'Angleterre et débarqués secrètement à la falaise de Biville, dans les environs de Dieppe le premier à la date du 21 août 1803, le second le 16 janvier 1804 — étaient à Paris depuis cette époque; qu'ils n’avaient pu en sortir avant ni après la découverte du complot, et qu'ils y vivaient cachés, déjouant, à force de ruses et de déplacements, les poursuites dirigées contre eux. Ils guettaient l’occasion de s'enfuir, tandis que Moreau, convaincu que ses rapports accidentels avec eux demeureraient ignorés, n'ayant d’ailleurs rien à se reprocher, continuait à se montrer publiquement, résidant tantôt à Paris, tantôt dans sa terre de Grosbois, et bien loin de se douter qu'il était dénoncé et surveillé par la police.

11 fut cruellement détrompé dans la matinée du 15 février. Ayant quitté Grosboïs de bonne heure, pour venir à Paris, il arrivait à Charenton lorsqu’un détachement de gardes consulaires barra la route à sa voiture. Une heure après, il était écroué à la prison du Temple et mis au secret. On a toujours dit que Bonaparte n'avait pas l'intention de l’impliquer dans le complot et n’attendait