Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

136 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

de lui que des aveux pour lui pardonner. Ce n’est pas ici le lieu de discuter ce dire. Ce qui est plus certain, c’est que la maladresse du Grand Juge Reynier, chargé d'interroger Moreau, ne permit pas à ces dispositions bienveillantes de s'exercer et que, Moreau n'ayant rien avoué, Bonaparte, irrité par ses dénégations, et peut-être aussi, incité à se débarrasser d’un rival, décida que la justice suivrait son cours contre lui, comme contre ceux dont on le prétendait complice. En même temps étaient ordonnées, à l’effet de hâter leur arrestation, les mesures exceptionnelles dont nous avons parlé en commençant et qui venaient d’être signifiées aux Parisiens. Il fut alors évident que Cadoudal et Pichegru, s'ils étaient dans Paris, comme l’affirmait la police, ne parviendraient pas à lui échapper.

Avant de suivre Pichegru aux diverses étapes de la route qui va le conduire à la mort, remontons jusqu'aux années brillantes qui avaient vu s'édifier sa renommée. La plus belle de ces années, c’est 1795. À cette époque, le général Pichegru revient de la Hollande qu’il a conquise, couvert de lauriers, objet de l'admiration universelle. Chargé, à son passage à Paris, lors des émeutes de