Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LA MORT DE PICHEGRU. 139

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L’évocation de ces souvenirs laisse deviner les angoisses qui s’emparèrent de son âme, après que l'arrestation de Moreau eut rendu impossible la négation du complot ourdi par Cadoudal et de la part que lui-même y avait prise. Elles s’aggravaient des périls redoutables dont ‘il se savait menacé. La police était à ses trousses; chaque jour, pour se dérober à ses recherches, il était obligé de changer d'asile; en se levant le matin, il ne savait où il coucherait le soir. Ne pouvant sortir de Paris, errant de gîte en gîte, se heurtant à des portes closes, qui ne s’entr'ouvraient que pour se refermer impitoyablement dès qu’il se faisait connaître, il mena, durant quinze jours. l'existence d'un vagabond.

La clémence que Bonaparte auraït voulu appliquer à Moreau, et dont bénéficièrent quelquesuns des vingt-six accusés compris sur la même liste que Cadoudal et Pichegru, il va sans dire que Pichegru ne l’espérait pas pour lui; il n’eût même pas voulu la solliciter. Outre qu’il avait