Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

152 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

exposa ces restes déchirés dans la salle où le tribunal criminel tenait ses audiences.

Là, le commissaire du gouvernement, André Gérard, prit la parole, afin de prouver « que la vérité avait été recherchée par tous les moyens ». Faisant allusion au complot auquel Pichegru était accusé d’avoir participé, il continua : « L’instruction deviendra bientôt publique, et l’état où elle se trouvait, au moment où Charles Pichegru s’est donné la mort, ajoutera une grande preuve morale aux preuves légales qui constatent cet événement. Alors, la malignité, l'intrigue, l’esprit de parti, la haine et la malveillance feront de vains efforts pour corrompre l'opinion. Les contemporains diront et la postérité répétera qu’un Français qui s'était profondément rendu coupable envers sa patrie, n’a pas vu de milieu entre la mort volontaire et l’échafaud : il s’est suicidé. »

L’orateur, en tenant ce langage. semble avoir prévu que la version du suicide rencontrerait beaucoup d’incrédules, et avoir voulu répondre par avance aux propos calomnieux que les ennemis du Premier Consul allaient tenir. A peine la nouvelle de la mort mystérieuse de Pichegru commençait-elle à se répandre que, déjà, circulaient