Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

172 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

ne contractèrent mariage que sous la menace. Pour quelques unions volontaires comme celle du capucin Chabot, on en compte des centaines dont ceux qui s’y étaient résignés ne furent coupables que de faiblesse, et s'empressèrent de briser leurs liens conjugaux dès que l’occasion leur en° fut offerte.

En 1801, au, moment où le Concordat se négociait entre le Saint-Siège et le gouvernement consulaire, le cardinal Caprara, envoyé du pape à Paris, fut assailli de demandes en réhabilitation, formées par des prêtres mariés, et il fut si visible que les signataires, en général, n'avaient cédé qu’à la force, que leurs demandes, pour la plupart, furent accueillies et suivies d’absolution. On réintégra dans les fonctions sacerdotales tous ceux dont la femme était morte, ou ceux qui s'étaient rendus libres en recourant au divorce et en faisant annuler le mariage civil qui, seul, avait été célébré.

Presque tous ces délinquants que leur repentir ramenait dans le giron de l'Église avaient d'humbles origines. Fils d’artisans ou de cultivateurs, la Révolution les avait trouvés desservants ou vicaires dans des paroisses rurales, en possession presque toujours du dévouement et de l’affection