Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ. 173

de leurs paroissiens, éloignés le plus souvent de tout centre d'influence, privés de conseils et constatant, dès que commencèrent les exactions et les rigueurs, que ceux de qui ils avaient le droit d'attendre des conseils et des exemples, prêtaient le serment constitutionnel ou s’enfuyaient. Dès lors, retenus à leur poste par l'impossibilité de le quitter, par la crainte de compromettre les intérêts religieux ou encore par les supplications de leurs ouailles, ils se firent « jureurs » eux aussi, cherchant des excuses dans le malheur des temps, dans la nécessité de ne pas abandonner leur troupeau, et, sans doute aussi, dans les hésitations que manifestèrent les autorités ecclésiastiques avant que le pape eût parlé, sur la question de savoir s’il était licite ou non de jurer.

La bonne foi de la plupart de ces assermentés était évidente. On en trouve la preuve dans ce fait que, lorsque les décisions pontificales furent connues, les plus scrupuleux se rétractèrent ou ne maintinrent leur serment qu’avec des restrictions. Mais d'autres s'y résignèrent uniquement parce qu'ils étaient sans ressources, et que, se rétracter, c'était se condamner à mourir de faim. N'est pas héros qui veut, et l’on ne saurait nier qu’en ce