Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

174 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

temps-là on ne vit guère d’héroïsme quand les convictions religieuses ne s’étayaient pas de convictions royalistes. Royalistes, ces curés vendéens qui mènent les chouans contre les bleus et célèbrent la messe avant le combat; royalistes, ces prêtres de la Lozère, du Gard et de l'Aveyron, qui se cachent le jour dans les grottes et, la nuit, vont porter le viatique aux mourants, un fusil en bandoulière, et royalistes aussi, ceux qui, pour défendre le trône et l’autel, pratiquaient, en louant Dieu, le métier de conspirateurs.

C’est donc calomnier le clergé constitutionnel que de le représenter comme un ramassis de mauvais prêtres. Ils l’étaient, si d’avoir désobéi aux instructions du Saint-Siège suffit pour mériter cette qualification. Mais ils ne le furent pas tous, tant s'en faut, si l’on entend par mauvais prêtres ceux qui affichaient de mauvaises mœurs. Dans les communes rurales éloignées de Paris, il arriva fréquemment que les fidèles né purent se rendre compte de la différence qui existait entre les assermentés et les autres, tant leur desservant, quoique « jureur », demeurait tel qu'ils l'avaient toujours connu, leur prêchant les mêmes doctrines et les mêmes devoirs qu'autrefois, leur donnant les