Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

184 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

Plus contrite et plus docile apparaît AugustineAmélie Masson, ex-religieuse Annonciade. Chassée de son couvent par la Révolution, séparée de sa

famille, ayant à peine de quoi vivre et « se voyant

par la seule qualité de religieuse l’objet de l’exécration publique », elle s’est laissé persuader, « malgré les remords d’une conscience timorée, qu’elle avait fait des vœux contre nature » et elle a épousé un ecclésiastique dont elle est veuve depuis sept ans. « Elle cherche en vain la paix du cœur et cette sécurité qui sont le fruit de la vertu. » Elle ne pourra les retrouver que si le saint Père, à la justice duquel elle se soumet par avance, lui rouvre la communion des fidèles pour élever chrétiennement sa famille. Ici encore, l'Église pardonne et absout.

Dans toutes ces affaires, d’ailleurs, elle semble s'inspirer, plus encore que de ses propres lois, du désir de seconder les vues du premier consul. Bonaparte avait compris et fait comprendre aux autorités ecclésiastiques qu’au lendemain des commotions effroyables qui avaient tout détruit en France, la religion n’y pourrait être solidement restaurée qu’à la condition de ne pas laisser subsister en face d’elle des coupables non réconciliés.