Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

194 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

demandé s’il en appellerait à la bienveillance toujours très marquée de la Reine ou à celle non moins vive de Monsieur, c’est à celle-ci qu'il décida de recourir par l’entremise de Mme de Balbi.

« Elle me reçut à merveille, avec une obligeance et une grâce parfaites. À peine y avait-il quelques jours que je lui avais parlé, que Monsieur m'envoie chercher, me remet avec cette bonté qui lui est propre un portefeuille renfermant mille louis en billets de la Caisse d’escompte et me dit d’un ton qui centuple le bienfait :

« — Que ne le disiez-vous, jeune homme? Le mois prochain, vous toucherez encore cinq cents louis.

« Je baisai la main protectrice de mon maître et courus chez Mme de Balbi pour lui exprimer ma reconnaissance en reportant tout à elle. Dès ce moment, je lui rendis plus par affection que par devoir. Je fermai les yeux sur ses défauts pour ne les ouvrir que sur ses qualités. Je ne la vis plus que sensible, obligeante, fière, courageuse, et, si c'était en vain que je cherchais en elle la grâce, la douceur, les vertus sans lesquelles il n'est pas de femme aimable et attachante, je m'appliquai à y trouver toutes celles qui consti-