Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

48 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

venue de faire un exemple, et le jeune chevalier de Toustain, dont nous avons parlé tout à l’heure, fut la victime de cette intraitable volonté.

À son insu, l’infortuné était surveillé par la police. Ses allures ayant paru suspectes, une perquisition fut opérée chez lui. On y saisit des cocardes blanches, des plumets blancs et la preuve qu'il avait commandé des poignards chez des marchands d'armes. C’en fut assez pour le perdre. Arrêté et traduit aussitôt devant une Commission militaire, sa jeunésse ne trouva pas grâce auprès de ses juges. Quelques heures plus tard, dans la plaine de Grenelle, il tombait sous les balles d’un peloton d'exécution.

Cet excès de rigueur n'était pas fait pour apaiser les ardeurs des conjurés; il les exaspéra. Si, jusqu'à ce moment, ils avaient pu hésiter à frapper Bonaparte, l'hésitation maintenant n'était plus permise. « Aujourd'hui, je mettrais ma gloire à le poignarder, écrivait Hyde de Neuville au comte d'Artois. Le sentiment qui m’anime est général parmi les hommes du parti. » Désormais, il ne pouvait être question que de représailles contre celui qui, aux yeux des conspirateurs, n'était plus

€ qu'un vil brigand ».