Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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dard français ; et, dans ses rêves, il croyait revoir les soldats qui avaient partagé ses destinées.

Toutes les fois que nous élions auprès de lui, il était toujours vivement préoccupé de lavenir de sa famille. Puis il réfléchissait à ce que son existence avait eu d’aventureux, à ce que Dieu avait fait pour lui au milieu des dangers qu’il avait courus. Ses yeux rayonnaient alors d’une sainte espérance, et il nous disait d’une voix attendrie : « Dieu a veillé sur moi, il veillera sur eux. »

L’avant-dernier jour de sa vie , il se préoccupa de ses pensions. « A-{-on fait le nécessaire ? demandaitil souvent. N'oubliez pas d'aller chez Monsieur le préfet. A-t-on prévenu Monsieur le commissaire des guerres de mon état? Je suis prêt à signer! J'aimerais que tout cela fût terminé! »

Il s’informa à plusieurs reprises de ses mémoires. Nous le rassurâmes sur ce point. « Enfin, nous dit-il, que voulez-vous, mon cher ami, &est là tout mon bagage, et j'y tiens pour mes pelits-enfants. » Puis il repassait avec regret ses années de bonheur. « Chacun à ses épreuves, ajoulait-il, j’ai été trop confiant, mais j'ai trouvé des amis : dernièrement encore une main généreuse m’est venue en aide. Je ne dois donc pas me plaindre! Il y a une chose cependant qui m’afflige, c’est le silence du maréchal! mais un ambasssadeur à tant à faire, puis il s’est marié, et je ne